Sur la montagne de Sinaï, D.ieu communique à Moché les lois de l’année chabbatique : toutes les septièmes années, tout travail sur la terre doit être interrompu et ses produits rendus accessibles à tous, hommes et animaux.
Sept cycles chabbatiques sont suivis d’une cinquantième année : l’année du Jubilée au cours de laquelle, tout travail de la terre cesse, tous les serviteurs liés par contrat sont libérés et tous les états ancestraux de la Terre Sainte, qui ont été vendus, reviennent à leurs propriétaires originels.
Behar contient également des lois supplémentaires concernant la vente de terres et les interdictions de fraude et d’usure.
La Paracha de cette semaine décrit la mitsva de l’année du Jubilée. Durant cette année, la terre, qui constituait l’héritage ancestral d’une personne et qu’elle avait vendue, lui était rendue. Cela demande une explication : quand les Juifs entrèrent en Erets Israël, la terre fut divisée entre eux, chacun recevant une part équivalente. Il leur fut alors donné l’opportunité de travailler la terre. Inévitablement, certains réussirent mieux que les autres. Et parmi eux, il en fut qui rencontrèrent un tel échec qu’ils furent obligés de vendre leur terre pour combler leurs besoins essentiels.
Pendant que chacun vivait son histoire personnelle, le peuple, en tant qu’entité, comptait les années. Tous les sept ans, arrivait l’année chabbatique lors de laquelle la terre ne pouvait pas être cultivée. Après sept cycles de sept années chabbatiques, 49 ans, survenait le Jubilée. Au début de cette année-là, toutes les propriétés qui avaient été vendues revenaient au propriétaire originel ou à ses héritiers.
D’un côté, ce processus constitue une extraordinaire opportunité de renaissance ou de renouvellement. Mais par ailleurs, nous savons tous, par expérience, que lorsque l’on donne une seconde chance à une personne, il y a de fortes probabilités pour qu’elle agisse à nouveau exactement comme elle l’a fait la première fois. Après tout, nos habitudes sont ancrées dans notre psychisme au point qu’il y a fort peu de chances pour que l’on en change.
Quelle est alors la raison d’être du Jubilée ?
Il vient donner une opportunité à l’individu. Il l’invite à briser ses modes de fonctionnement présents et à commencer quelque chose de nouveau.
Cela va encore plus loin. La mitsva du Jubilée souligne également la force inhérente à chacun, force qui lui permet de briser son mode de conduite antérieur et d’amorcer quelque chose de nouveau plutôt que de répéter les événements du passé.
Le Jubilée commence avec le son du Choffar. En plus de le sonner à Roch Hachana, on le fait également retentir à Yom Kippour, en l’honneur du Jubilée. L’appel du Chofar émane de l’essence même de notre être. Il est simple, sans artifices musicaux : il s’agit de l’essence du Juif qui appelle son père dans les Cieux.
C’est donc à partir de son être le plus essentiel, le plus profond, que l’homme commence à construire dans le Jubilée. L’essence du Juif est «une réelle partie de D.ieu», infinie, illimitée et absolue, comme D.ieu Lui-même. Cependant, bien souvent, ce potentiel divin reste latent et l’individu se livre à sa routine quotidienne, sans grands changements ou mutations. Le son du Choffar remue son potentiel divin et l’engage à se révéler. Il donne à cet homme le potentiel d’y accéder et à commencer une vie totalement différente.
Perspectives
Le cycle qui mène à l’année chabbatique, tout comme le cycle des sept jours de la semaine, fait allusion à un cycle à la perspective bien plus large. L’histoire du monde est divisée en six millénaires aboutissant au septième millénaire, tout comme les six années débouchent sur l’année chabbatique et les six jours de la semaine sur son septième jour : le Chabbat.
Le septième millénaire est une ère où la Présence Divine est tangible. Pour citer les mots de nos Sages : ce sera une ère où «tout est Chabbat et repos pour une vie éternelle».
Il ne s’agit pas d’une prophétie concernant le futur. Ce sont des paroles qui nous font prendre conscience de la période exceptionnelle dans laquelle nous vivons, aujourd’hui. Si nous allons dans le sens des concepts que l’on a précédemment évoqués, aujourd’hui, c’est vendredi après-midi. Midi est passé. Maintenant, à cette heure-ci, dans les foyers juifs, la maison commence à prendre une «couleur de Chabbat». De la même façon, en ce moment-même, la maison de D.ieu, le monde, commence à se préparer à l’Ere de la Rédemption. En ouvrant nos yeux devant la dynamique messianique en marche dans nos vies, au présent, notre attente du Machia’h peut être chargée de la force d’une idée sur le point de se réaliser.