Behar. Sur le mont Sinaï, D.ieu communique à Moché les lois de l’année chabbatique : toutes les septièmes années, tout travail sur la terre doit être interrompu et ses produits rendus accessibles à tous, hommes et animaux.

Sept cycles chabbatiques sont suivis d’une cinquantième année : l’année du Jubilée au cours de laquelle tout travail de la terre cesse, tous les serviteurs liés par contrat sont libérés et tous les états ancestraux de la Terre Sainte qui ont été vendus reviennent à leurs propriétaires originels.

Behar contient également des lois supplémentaires concernant la vente de terres et les interdictions de fraude et d’usure.

Be’houkotaï. D.ieu promet que si le Peuple d’Israël observe Ses commandements, il jouira de prospérité matérielle et résidera en paix sur sa terre. Mais Il donne également un avertissement sévère et le menace de l’exil, de la persécution et d’autres maux qui s’abattront sur lui s’il abandonne son alliance avec Lui.

Toutefois, « même quand ils seront sur la terre de leurs ennemis, Je ne les rejetterai pas, pas plus que Je ne les haïrai, ne les détruirai ou ne briserai Mon alliance avec eux. Car Je suis l’Eternel, leur D.ieu ».

La Paracha se conclut avec les lois concernant la manière de calculer la valeur des différents types d’engagements pris pour D.ieu et la Mitsva de prélever un dixième des produits agricoles et du bétail.

BEHAR

En intitulant la Paracha Behar (« sur la montagne ») plutôt que Behar Sinaï (« sur le Mont Sinaï »), la tradition juive a choisi de mettre l’accent sur le fait que la Torah ait été donnée sur une montagne plutôt que sur la montagne elle-même où se produisit cet événement.

Nous le savons, le Midrach explique que D.ieu choisit de le faire parce qu’elle était la plus basse, c’est-à-dire la plus humble, des montagnes. Mais si D.ieu désirait nous enseigner l’humilité, pourquoi ne choisit-Il pas une vallée ou tout au moins un terrain plat ?

Malgré le fait que l’importance de l’humilité et du sacrifice de soi ne puisse être minimisée, une certaine dose de fierté fait également partie intégrante du service de D.ieu. Une personne totalement effacée se sentira désemparée devant les épreuves, les doutes, le cynisme et la moquerie d’un monde qui obscurcit la Divinité. Après tout, quelle crédibilité a-t-elle pour se dresser contre eux et s’y opposer ? C’est la raison pour laquelle nous devons également être des « montagnes », nous devons savoir maîtriser l’art de nous affirmer en tant que représentants de D.ieu sur terre. Cette leçon est si importante, si fondamentale qu’elle introduit le Choul’han Arou’h, le Code de lois juives, comme pour impliquer que notre accomplissement des lois qui suivent dépend de notre intériorisation de la conscience que nous ne devons jamais ressentir de gène devant les moqueurs mais affirmer fermement notre engagement inconditionnel pour les lois de D.ieu.

Il n’en reste pas moins que l’orgueil personnel devant nos réalisations n’a aucune place dans le judaïsme. La constante conscience de la Présence Divine, requise par le judaïsme, ne nous permet en aucun cas de faire preuve d’arrogance ou de suffisance. La fierté que nous devons ressentir est la fierté de D.ieu : la reconnaissance que nous sommes investis de Sa mission. Là est la source de notre dignité et de la fierté que nous devons manifester. En fait, c’est précisément une abnégation totale de notre personne qui rend possible une véritable affirmation de soi.

C’est précisément quand nous avons complètement effacé tout sens de notre ego, que nous ne sommes plus pleins de nous-mêmes, que nous pouvons réellement nous affirmer. Nous ne sommes plus alors conscients de notre personne mais de D.ieu. Nous ne sommes plus « nous » mais D.ieu agissant à travers nous.

Le choix de la montagne pour le Don de la Torah était donc celui de la plus modeste, le Mont Sinaï, une montagne, certes, mais une montagne d’une humilité absolue.

BE’HOUKOTAÏ

Le nom de cette Paracha, Be’houkotaï, signifie « selon Mes statuts ».

Nous avons déjà évoqué le fait que ces commandements n’ont aucun sens logique et qu’aucune raison n’en est donnée. Ils s’opposent à ces autres Mitsvot : les Michpatim, « lois », accessibles à la raison humaine et qu’elle aurait pu dicter et les Eidot, cérémoniaux de souvenir, que la raison n’aurait pas nécessairement dicté mais que l’on peut comprendre et apprécier.

Mais c’est précisément en observant les ‘Houkim de la Torah que nous exprimons notre soumission totale à la volonté de D.ieu et notre désir d’accomplir Ses directives même si cela défie la face de la logique et de la raison.

Cette soumission totale à la volonté de D.ieu paraît contraster avec le contenu de cette Paracha : les récompenses et les punitions qui nous attendent selon que l’on accomplisse ou non les commandements divins.

Si l’on doit accomplir la volonté de D.ieu pour Lui et non dans notre propre intérêt, que vient apporter une description des avantages de l’obéissance ou les désavantages de la désobéissance ?

La Paracha Be’houkotaï est souvent combinée avec la Paracha Behar. Comme nous le savons, pour que deux Parachiot soient lues ensemble et forment un tout, elles doivent avoir un thème commun et nous pouvons nous attendre à ce que cela se reflète dans leur nom respectif.

Mais à première vue, l’affirmation de soi qui est, comme nous l’avons vu, est le thème de Behar, apparaît l’antithèse absolue de l’abnégation totale impliquée dans le nom Be’houkotaï, une humble soumission à la Volonté Divine. Mais nous avons expliqué que la véritable affirmation de la Divinité en nous est possible après avoir dominé notre égocentrisme inné. En fait, plus nous perdons le sens de notre égo, plus nous sommes conscients de la réalité Divine et plus se manifeste notre âme Divine qui permet à D.ieu d’agir par notre intermédiaire. A cette lumière, nous comprenons que ces deux noms reflètent le même idéal.

Le sens profond du mot ‘Hok signifie « gravé ». Cela implique qu’en observant ce type de commandements, nous exprimons une véritable unité avec D.ieu, tout comme un bloc de pierre et une lettre qui y est gravée constituent la même entité.

Par ailleurs, pour graver une lettre, il faut enlever une partie du matériau, tout comme pour observer les règles de D.ieu, il faut « enlever » ou nier l’égo.

Cette perspective peut nous aider à comprendre pourquoi une Paracha nommée sur les lois irrationnelles va de pair avec la description des bienfaits que l’on peut en tirer.

Quand nous nous débarrassons de notre égo, nous considérons les promesses de la Torah non comme des encouragements à nous soumettre à la volonté de D.ieu par intérêt personnel mais comme des composants intrinsèques de l’expérience Divine. D.ieu représente le bien absolu et lorsque l’on fait abstraction de notre personne pour devenir des conduits invisibles pour la volonté Divine, il nous est permis de recevoir la Bonté de D.ieu dans sa plus grande mesure, y compris les bienfaits dont on peut jouir pour avoir obéi à Sa volonté.