Chaque membre du Peuple juif reçoit l’injonction d’apporter la contribution précise d’un demi-Chékel d’argent pour le Sanctuaire. Des instructions sont également données concernant la fabrication du bassin d’eau du Sanctuaire, de l’huile d’onction et des encens. Les artisans « au cœur sage », Betsalel et Aholiav sont chargés de la construction du Sanctuaire et une fois encore le peuple reçoit le commandement d’observer le Chabbat. Moché ne redescend pas du Mont Sinaï quand le peuple l’attend et celui-ci fabrique un veau d’or et l’adore. D.ieu propose alors de détruire cette nation pécheresse mais Moché intercède en sa faveur. Il descend de la montagne, portant les Tables de la Loi sur lesquelles sont gravés les Dix Commandements. Quand il voit le peuple danser autour de son idole, il brise les Tables, détruit le veau d’or et fait mettre à mort les principaux instigateurs. Il retourne alors vers D.ieu pour Lui dire : « Si Tu ne leur pardonnes pas, efface-moi du livre que Tu as écrit ». D.ieu pardonne mais dit que le résultat de ce péché sera ressenti pendant de nombreuses générations. Au début, D.ieu propose de leur envoyer Son ange mais Moché insiste pour que D.ieu Lui-même accompagne Son peuple vers la Terre Promise. Moché prépare de nouvelles Tables et une fois de plus, grimpe sur la montagne où D.ieu écrit de nouvelles Tables de l’Alliance. Sur la montagne, Moché perçoit également une vision des « treize attributs de miséricorde ». A son retour, le visage de Moché irradie d’une telle lumière qu’il doit le cacher derrière un voile qu’il n’enlève que pour parler à D.ieu et enseigner Ses lois au peuple.
Le bassin « Fais un bassin en cuivre, et son support en cuivre pour les ablations ; et place-le entre la Tente d’Assignation et l’Autel… Aharon et ses fils s’y lavaient les mains et les pieds, quand ils pénétraient dans la Tente d’Assignation… ou quand ils s’approchaient de l’Autel pour accomplir leur service… » (Chemot 30 : 17-20) « Chaque matin, une personne doit se laver le visage, les mains et les pieds, avant de prier. » (Maïmonide – Michné Torah) Depuis la destruction du Beth Hamikdach, le Saint Temple de Jérusalem, il y a plus de dix-neuf siècles, D.ieu ne communique plus avec nous dans une « Tente d’Assignation », les prêtres n’offrent plus de sacrifices sur l’Autel. Et pourtant, le Beth Hamikdach et le service qu’on y accomplissait restent, jusqu’à ce jour, le véhicule de notre relation avec D.ieu. Simplement, aujourd’hui, ils prennent la forme de rites et de pratiques dans notre vie quotidienne. Cette vérité s’exprime dans de nombreuses paroles de nos Sages, notamment dans le Talmud. « Les prières quotidiennes furent instituées à la place des offrandes quotidiennes ». « La table d’une personne est comparable à l’Autel ». « Depuis le jour où le Saint Temple fut détruit, D.ieu n’a que les quatre coudées de Hala’ha (Loi juive) dans Son monde ». De la même manière, nombre des lois qui gouvernent notre vie de Juifs, aujourd’hui, sont issues des lois du Temple et du service que l’on y accomplissait. Les moments indiqués pour la prière sont ceux où l’on apportait les sacrifices quotidiens. Quand on prend un repas, on trempe le pain dans le sel parce que le sel faisait partie de chaque offrande placée sur l’Autel, etc. La purification Le Kiyor (bassin pour les ablutions) était en cuivre et placé dans la cour du Temple. Les Cohanim (prêtres) qui servaient dans le Temple avaient reçu l’injonction de se laver les mains et les pieds dans son eau avant d’entrer dans le Sanctuaire ou d’accomplir un acte appartenant à leur service. Ce bassin symbolisait donc la transition entre les actions mondaines et les actions sacrées et permettait la purification requise. La Torah nous instruit : « Connais D.ieu dans toutes tes voies » et « tous tes actes doivent être accomplis pour l’amour du Ciel ». Cependant, nous devons, malgré cela, faire une distinction entre l’environnement sacré du Saint Temple où la présence divine est palpable et où tout est exclusivement consacré à servir D.ieu et le monde matériel qui se trouve à l’extérieur des murs du Beth Hamikdach et porte la marque de l’égocentrisme et du matérialisme. Ainsi, avant de pénétrer dans le Sanctuaire de D.ieu, les Cohanim reçoivent-ils l’instruction de se « laver les mains » de la mondanité de la vie quotidienne. Dans sa représentation « post Beth Hamikdach », cette loi prend la forme de l’obligation de se laver le visage, les mains et les pieds avant les prières du matin. De cette manière, nous nous nettoyons et nous purifions afin de faire la transition entre l’être matériel, vivant dans un monde matériel, et une âme qui communie avec son Créateur. Mais si l’on observe la terminologie de plus près, il semble y avoir une petite, mais significative, différence entre le Temple originel et son application présente. Dans le Beth Hamikdach, les prêtres lavaient « leurs mains et leurs pieds » dans le bassin alors que les lois de la prière nous enjoignent de nous laver « le visage, les mains et les pieds. » Pourquoi cette différence ? Le travail manuel « Si tu manges du labeur de tes mains, heureux sois-tu et le bien t’appartient. » (Psaume 128 : 2). La ‘Hassidout nous explique que ce verset nous indique de n’investir que nos facultés les plus extérieures (« le labeur de tes mains ») dans la quête d’une subsistance matérielle, laissant nos aptitudes supérieures libres de se consacrer exclusivement à des poursuites spirituelles. Nos ancêtres subvenaient à leurs besoins uniquement avec le labeur de leurs mains. Nos Patriarches étaient bergers et quand les Hébreux s’installèrent en Terre Sainte, ils furent agriculteurs. Bon nombre des plus grands Sages du Talmud, dont les enseignements sont une source de sagesse et de directives jusqu’à nos jours, étaient des travailleurs manuels : Rabbi Yo’hanane HaSandlar était cordonnier, Rabbi Yohochoua était forgeron, Chamaï était maçon. D’autres occupaient également les fonctions de marchands et de commerçants. Mais le travail n’était pas, contrairement à aujourd’hui, synonyme de ruse et d’obsession. L’érudition et l’enseignement n’étaient pas des professions mais des vocations sacrées qui ne devaient pas être « souillées » par des récompenses matérielles. Gagner son pain quotidien était un sujet appartenant aux mains et aux pieds et à l’exercice mental le plus rudimentaire et non quelque chose pour lequel il fallait développer l’ingéniosité de l’esprit ou la dévotion du cœur, réservées à des projets de vie plus élevés. Ce monde n’existe plus. Aujourd’hui, non seulement nous consacrons notre temps et notre tête pour nous procurer de quoi satisfaire nos besoins matériels, mais nous y investissons nos aptitudes mentales les plus affinées, nos passions les plus dévorantes et notre volonté la plus coriace. Notre « carrière » consume nos jours et nos nuits, notre esprit et notre cœur, notre identité elle-même. Cela explique la différence entre les deux lois. A l’époque du Beth Hamikdach, seuls « les mains et les pieds », les membres extérieurs de l’homme, étaient impliqués dans la quête de matérialité, et donc devaient être purifiés avant d’être consacrés au service de D.ieu. Le « visage », se dit en hébreu Panim, et signifie « intériorité ». Cela exprime l’idée que le visage est la partie du corps dans laquelle réside les facultés supérieures et qui reflète le mieux la nature et la personnalité de l’individu. C’est donc la raison pour laquelle il n’avait, alors, pas besoin d’être purifié. Mais dans les générations postérieures, la mondanité de la vie s’est emparée de notre moi intérieur. Notre effort pour communiquer avec D.ieu nécessite également que nous purifions notre visage de sa teinte de matérialité. Il nous faut purifier notre esprit et notre cœur de ce qui les affecte et les influence, dans leur implication dans les affaires du monde, de sorte que nous puissions réellement nous lier à l’essence et au but de la vie.