Cette Paracha évoque l’épisode des douze explorateurs envoyés par Moché en Israël. Dix d’entre eux, à l’exception de Calev et Yehochoua, font un compte-rendu qui décourage les Juifs de conquérir la terre. D.ieu décrète alors qu’ils resteront encore quarante ans dans le désert et que ce sera la génération suivante qui entrera en Israël.

Des lois pour les offrandes ainsi que la Mitsva de la ‘Halla sont détaillées.

Un homme est mis à mort pour avoir publiquement profané le Chabbat.

Enfin la Mitsva des Tsitsit est donnée par D.ieu afin que nous nous souvenions d’accomplir Ses commandements.

CHOISIR NOTRE MISSION

Un pilier de notre foi

Maïmonide écrit (Michné TorahHil’hot Techouvah 5 :2-3) : « chacun peut devenir juste comme Moché notre maître ou impie comme Yerovam… Personne ne l’oblige, ne le soumet à un décret ou ne le dirige dans l’une de ces deux voies. Mais c’est lui qui, de sa propre initiative et par sa propre réflexion, choisit le chemin qu’il désire… 

Ce principe constitue un concept fondamental et un pilier (sur lequel reposent) la Torah et ses commandements, comme il est écrit : « Vois ! J’ai placé devant toi la vie (et le bien, la mort et le mal) » … c’est-à-dire que le choix t’appartient.

Tout acte qu’un être mortel désire accomplir lui est possible, que ce soit en bien ou en mal… Le Créateur n’oblige ni ne décrète que les gens doivent faire le bien ou le mal. Tout est laissé à leur libre choix. »

D.ieu n’a pas créé l’homme pour qu’il soit un automate. Il lui a donné le libre-arbitre, ce qui le distingue de toutes les autres espèces d’êtres vivants qui sont, eux, guidés par les lois de la nature. L’homme, quant à lui, a le pouvoir de contrôler sa conduite et d’agir de sa propre initiative.

Deux types de choix

L’exercice du libre arbitre réside au cœur de notre service Divin. Nous avons la possibilité d’accomplir la Volonté de D.ieu ou de l’ignorer, à D.ieu ne plaise. Notre défi consiste à « choisir la vie », vivre la vie qu’Il désire que nous vivions. Deux types de choix positifs sont, en particulier, attendus de nous.

D’une part, il s’agit de l’adhésion aux Mitsvot de la Torah. D.ieu nous a donné une série d’actes variés que nous devons accomplir et d’autres qui nous sont interdits. Parfois, l’accomplissement de ces actes ou l’interdiction d’autres nous mettent face à un conflit intérieur parce qu’ils vont à l’encontre de nos tendances et désirs naturels. Notre liberté de choix nous permet de contrôler et d’annihiler tous les obstacles intérieurs qui entravent notre accomplissement de la Volonté de D.ieu.

Par ailleurs, il faut modeler notre caractère pour nous conformer à la Volonté de D.ieu, quand bien même aucun commandement explicite ne le demande. En clair : il existe tout un domaine d’activités auxquelles on se réfère comme « Rechout – le permis ». On ne nous indique pas ce que nous devons faire ni ce dont nous devons nous abstenir. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y ait pas une manière appropriée de le faire. L’initiative nous revient. Il nous faut aspirer à découvrir la Volonté de D.ieu puis modeler notre caractère pour pouvoir s’y conformer. Et cela représente l’expression complète de notre potentiel de libre arbitre.

Une nouvelle phase

Cette approche du service Divin propose une nouvelle dimension qu’apporte la Paracha de cette semaine. Elle commence par Chela’h Le’ha, « envoie pour toi… ». Rachi explique que le peuple adressa une requête à Moché pour qu’il envoie des explorateurs en Israël. Moché rapporta cette demande à D.ieu Qui répondit : « Cela dépend de toi. Je ne te l’ordonne pas. Si tu le veux, envoie-les. » Cela représente une nouvelle étape dans la relation de notre peuple avec D.ieu. C’est ici la première fois qu’Il laisse le choix à Moché.

Construire la résidence de D.ieu

Cette nouvelle approche dans le service Divin, l’initiative entre les mains de l’homme, est associée à l’objectif de la mission des explorateurs : l’entrée de notre peuple en Israël. Le but de la vie est d’y façonner une résidence pour D.ieu dans les réalités de l’expérience quotidienne.

Et plus précisément, cette résidence doit être établie par l’initiative humaine. Quand l’homme transforme sa volonté propre et, s’appuyant sur cette métamorphose intérieure, s’engage à transformer son environnement, il a alors le mérite de voir D.ieu résider dans son existence-même.

Faire face à l’échec

Dans ces circonstances, il y a une possibilité d’échec. Le terme-même de « libre arbitre » implique que l’on peut faire le mauvais choix. Et de fait, c’est ce qui se passe dans notre Paracha. A leur retour, les explorateurs semèrent la panique au sein du peuple et ils eurent peur d’entrer en Israël.

Comme l’indique le récit : « néanmoins cette erreur peut être corrigée par la Techouvah, un retour sincère à D.ieu. » Dans ce contexte également, l’initiative repose sur l’homme. Le processus de la Techouvah demande que l’on rassemble toutes ses forces profondes pour rétablir la relation avec D.ieu. En fait, par la Techouvah, l’on peut dépasser son niveau précédent dans le service Divin. Comme l’affirment nos Sages, « les Tsaddikim (justes) parfaits ne peuvent se tenir là où il y a un Baal Techouvah. »

La mission de notre peuple

Le nom de la Paracha, « Chela’h », fait allusion à ces concepts. « Chela’h » signifie « envoie », indiquant que chaque personne, et dans un sens plus large, le Peuple juif dans son ensemble, est envoyée, obligée d’abandonner son environnement naturel et chargée d’une mission qui permet à chacun et à toute notre nation de s’élever.

Dans un sens personnel, il est question de la mission de chaque âme envoyée depuis le royaume spirituel et revêtue d’un corps physique. C’est « une descente pour arriver à une élévation » car lorsque l’on utilise des entités matérielles dans un but spirituel, l’âme progresse et parvient à un niveau supérieur à celui qu’elle a quitté à l’origine.

Dans un sens plus large, cela fait allusion à la mission du Peuple juif de faire de ce monde une résidence pour D.ieu. « Envoyée » de continent en continent, notre peuple a œuvré dans cet objectif depuis des millénaires, ajoutant un contenu spirituel au monde grâce à l’observance de la Torah et de ses Mitsvot.

Cet objectif n’est plus un but abstrait. Bien au contraire, nous nous tenons au seuil de la Délivrance, quelques instants avant l’achèvement de cette tâche par la venue du Machia’h. Nous allons mériter l’accomplissement total de la promesse de notre Paracha : « Je les ramènerai (là) et ils connaîtront la terre. » Que cela ait lieu très prochainement !