avionUn pilier de notre foi
Le Rambam écrit (Michné Torah, Hil’hot Techouvah 5: 2-3) :
Chaque personne est capable d’être juste comme Moché notre Maître ou impie comme Yerovoam… Personne ne l’oblige, personne ne le force ou ne le conduit dans l’une de ces deux voies. Mais c’est lui, de sa propre initiative et par sa propre réflexion, qui se dirige dans le chemin qu’il désire…
L’exercice du libre-arbitre réside au cœur de notre service Divin. Nous avons l’option d’accomplir la volonté de D.ieu ou de l’ignorer, à D.ieu ne plaise. Le défi qui est le nôtre est de «choisir la vie», vivre notre vie comme Il désire que cela le soit. Et deux types de choix positifs sont, en particulier, attendus de nous :
Il s’agit tout d’abord de l’obéissance aux Mitsvot (commandements) de la Torah. D.ieu nous a donné une série d’actes à multiples facettes que nous devons accomplir et d’autres que nous n’avons pas le droit de faire. Parfois, faire les actes requis ou respecter les interdictions qui nous sont imposées suscitent un conflit intérieur car cet accomplissement ou ce non accomplissement vont à l’encontre de nos tendances et désirs naturels. Notre force de choisir nous permet de contrôler et d’annihiler tous les obstacles qui viennent à l’encontre de l’accomplissement de la volonté de D.ieu.
D’autre part, il est question de modeler notre caractère pour qu’il soit conforme à la volonté de D.ieu, même si aucun commandement explicite ne l’enjoint. Expliquons ce concept. Il existe tout un domaine d’activités auquel l’on se réfère comme rechout : «ce qui est permis». On ne nous indique pas que faire ni quoi éviter. Mais cela ne signifie par pour autant qu’il n’y ait pas un mode de conduite Divin approprié à ces activités. Cependant, l’initiative est entre nos mains. Nous devons aspirer à découvrir la volonté de D.ieu et façonner notre caractère pour qu’il s’y adapte.
Ces deux élans se lisent dans la Michna (Avot 2 :4) : «Fais de Sa volonté ta volonté pour qu’Il puisse accomplir ta volonté comme si c’était Sa volonté. Mets de côté ta volonté à cause de Sa volonté pour qu’Il puisse mettre de côté la volonté des autres devant ta volonté».
«Mettre de côté ta volonté pour Sa volonté» se réfère au défi d’abandonner nos propres désirs pour obéir aux commandements de D.ieu.
«Faire de Sa volonté ta volonté» évoque un défi encore plus grand, celui de façonner notre caractère pour qu’il reflète et exprime la volonté de D.ieu, même dans des situations où l’injonction divine n’est pas spécifique.

Une phase nouvelle
Cette approche dans le service Divin représente la nouvelle dimension qu’apporte la lecture de la Paracha de cette semaine. La lecture de la Torah commence par les mots (Bamidbar 13 :2): Chela’h Le’ha : «tu peux envoyer…». Rachi explique que les hommes étaient venus auprès de Moché avec une requête : celle que des espions soient envoyés pour explorer Erets Israël. Moché avait alors soumis cette demande à D.ieu Qui avait répondu : «Cela dépend de toi. Je ne te donne pas d’injonction. Si tu le désires, envoie».
Cela représente une nouvelle phase dans la relation de notre peuple avec D.ieu. Il s’agit ici de la première occasion où D.ieu laisse le choix à Moché.
Cette approche nouvelle dans le service Divin, où l’initiative est placée entre les mains de l’homme, est associée à l’objectif de la mission des explorateurs : l’entrée de notre Peuple en Erets Israël. Le but de la vie en Erets Israël est de construire une résidence pour D.ieu au sein même des réalités de l’expérience quotidienne.
Et cette résidence doit tout particulièrement être accomplie par l’initiative de l’homme. Si cela avait dû répondre à une révélation d’En-Haut, cela aurait été incomplet. L’homme, comme il existe dans son propre contexte et avec la force créatrice qu’il possède, n’aurait pas trouvé son reflet dans ce type de résidence. Quand, par contre, il transforme sa volonté propre et, sur la base de cette métamorphose intérieure, se met à transformer son environnement, D.ieu vient résider dans son existence elle-même.

Affronter l’échec
Puisque l’accent est mis sur l’initiative humaine, naît alors la possibilité de l’erreur. Le terme lui-même de «libre-arbitre» laisse entendre que l’on peut faire le mauvais choix. En fait, c’est ce qui se produisit, et ce que relate la Paracha. Les explorateurs revinrent de leur mission et semèrent la panique dans les rangs du Peuple Juif, leur faisant redouter d’entrer en Erets Israël.
Comme l’indique le récit, l’erreur peut néanmoins être corrigée par la Techouvah, un sincère retour à D.ieu. Dans ce contexte également, l’emphase est placée sur l‘initiative humaine. Car la Techouvah requiert de la personne qu’elle rassemble ses forces intérieures pour rétablir le lien avec D.ieu, endommagé par une conduite inappropriée. En réalité, par la Techouvah, l’individu peut surpasser son niveau de service divin antérieur. Comme l’enseignent nos Sages : «Les tsadikim (Sages) parfaits ne peuvent se tenir devant un Baal Techouvah (repentant)».

La mission de notre Peuple
Ce que l’on vient d’observer est évoqué dans le nom de la Paracha lui-même.
Chela’h signifie «envoie», indiquant que chaque personne, et dans un sens plus général, le Peuple Juif dans son ensemble, est envoyée, obligée donc d’abandonner son environnement naturel, chargée d’une mission. Cette mission permet à l’individu tout comme à la nation d’atteindre un niveau plus élevé.
Dans un sens plus intime, cela se réfère également à la mission de chaque âme envoyée depuis le monde spirituel pour revêtir un corps matériel. C’est «une descente pour susciter une plus grande ascension», car en utilisant des entités matérielles dans un but spirituel, l’âme progresse à un niveau spirituel supérieur à celui qu’elle a quitté.
Dans un sens plus général, cela fait référence à la mission du Peuple Juif de faire de notre monde une résidence pour D.ieu. «Envoyé» de continent en continent, notre peuple a œuvré dans cet objectif depuis des milliers d’années, ajoutant un contenu spirituel au monde, grâce à l’observance de la Torah et de ses Mitsvot.
Cet objectif n’est plus un but abstrait. Bien au contraire, nous nous tenons au seuil de la Rédemption, à quelques instants de l’achèvement de cette tâche, par la venue du Machia’h. Et c’est alors que nous mériterons l’accomplissement entier de la promesse de notre Paracha : «Je les (y) conduirai et ils connaîtront la terre». Que cela se produise dans le futur immédiat.