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Le calendrier ne cesse de faire se dérouler sous nos yeux l’avancée du temps. Celle-ci est toujours impressionnante, notamment par la diversité des expériences auxquelles elle nous invite. A proximité du 1er Chevat, dans moins d’une semaine à présent, un verset entêtant nous entraîne : « Le onzième mois, en son premier jour, Moïse commença à expliquer la Torah ». Et les commentaires de préciser : « il la traduisit dans les soixante-dix langues. » La vision est ici quelque peu vertigineuse. Le peuple juif est donc ainsi assemblé et le texte donné par D.ieu, expression et puissance de Sa révélation, éternel s’il en est, est prononcé et traduit, et qui plus est par Moïse, dans « toutes les langues du monde ». Avec beaucoup d’audace et d’irrespect, on pourrait y voir le premier acte humain parfaitement gratuit ! De fait, à quoi pouvait servir cet effort, tant de Moïse le traducteur que des Hébreux les auditeurs ? Il est clair que seuls ces derniers sont présents et qu’aucune autre langue n’est donc nécessaire.

Moïse penserait-il déjà aux vicissitudes de l’histoire qui conduira son peuple sur tous les chemins du monde ? Mais cet avenir-là n’est alors même pas envisageable. Il faut ici ressentir l’humilité et la grandeur de l’œuvre accomplie jour après jour, en notre temps, par celui qui étudie les textes du judaïsme – Torah, Talmud, ‘Hassidout etc. – dans la langue qu’il possède le mieux, qui n’est pas la langue sainte donnée par D.ieu mais celle du pays où il vit. La question monte d’elle-même : son étude, coupée ainsi de sa racine historique, fait-elle toujours sens ? Les mots ne sont pas qu’un moyen d’échanger avec l’autre. La structure d’une langue définit un univers. Dans lequel l’étudiant se trouve-t-il ? Dans celui du mot ou dans celui du texte original ?

Cette question taraude toute l’existence juive. Et Moïse y répond en ce 1er Chevat du début des choses. Il traduit la Torah dans toutes les langues des peuples afin qu’elle y pénètre et, d’une certaine manière, y obtienne droit de cité. Partout et toujours, la Torah nous accompagne. Plus encore, elle conduit nos pas au fil des temps. Et qu’elle s’élève dans un langage ou un autre, Moïse y investit la même sainteté. Une sagesse sainte pour un peuple saint, pour un monde de sainteté.