Nous avons vécu l’aller, le temps des départs et de cette étrange liberté retrouvée que l’on appelle les vacances. Il nous faut donc vivre à présent cette période non moins bouleversante qui est celle du retour. On dénomme cela « la rentrée » et ce seul nom a déjà valeur de programme. Dans l’esprit commun, il s’agit de recommencer, reprendre le fil là où il avait été interrompu. Pourtant, cette année, la rentrée revêt un caractère particulier ; et il faut s’en souvenir car peut-être est-ce toute notre année qui en dépend.
De fait, alors que le quotidien réclame sa place, le dernier mois du calendrier juif a bel et bien, et largement, commencé. Il s’appelle Elloul. Il est le prélude aux grandes fêtes de Tichri, à Roch Hachana et à Yom Kippour. Plus encore il en est l’indispensable préparation. Il est aussi – et justement – le mois du retour. Bien sûr, le sens du mot est ici bien différent de celui que la société lui assigne, bien éloigné aussi de la notion même de vacances. C’est du retour à soi, à ce que l’on est vraiment, sa source et sa racine et finalement de retour à D.ieu qu’il s’agit.
C’est alors que nous pouvons éprouver une sensation très réelle de décalage. Le monde alentour ne parle que de retour au rythme habituel alors que nous attendons et préparons le moment du passage sur un autre plan avec les rendez-vous spirituels qui arrivent, à présent si proches. Le monde n’envisage que la poursuite des mêmes objectifs alors que nous regardons en nous-mêmes pour affiner ce que nous sommes, poser des jalons pour un progrès profond et faire du monde un lieu d’harmonie. Quel Elloul voulons-nous donc vivre, et pour quel Tichri ? Faudrait-il faire abstraction du monde qui gronde ? Ce ne serait pas une attitude juive. Faudrait-il oublier notre calendrier de l’âme ? Ce le serait encore moins.
Chacun a l’obligation ardente d’aller à la rencontre d’Elloul, précisément au moment où la vie quotidienne invite à l’oublier, et sans négliger les impératifs de cette dernière. Impossible dira-t-on ? Mais c’est d’Elloul qu’il est question, le mois où le Ciel et la terre sont si proches.