Résumé de la Paracha
Yaakov passe les dix-sept dernières années de sa vie en Egypte. Avant de mourir, il demande à Yossef d’être enterré en Terre Sainte. Il bénit les deux fils de Yossef, Ménaché et Ephraïm, les élevant au même statut que ses propres fils : fondateurs des tribus de la nation d’Israël.
Il désire révéler la fin des temps à ses enfants mais il ne peut le faire. Puis il bénit ses fils, assignant à chacun son rôle en tant que tribu : Yehouda donnera naissance à des chefs, des législateurs et des rois. Les prêtres descendront de Lévi, des érudits d’Issa’har etc.
Une grande procession, composée des descendants de Yaakov, des ministres du Pharaon, des notables d’Egypte et de la cavalerie égyptienne, accompagne Yaakov dans son dernier voyage vers la Terre Sainte où il est enseveli, à ‘Hévron, dans la grotte de Ma’hpéla.
Yossef meurt, lui aussi en Egypte, à l’âge de 110 ans. Il a également donné des instructions pour être enterré en Terre Sainte, mais cela ne se produira que bien longtemps après, lors de l’Exode des Juifs d’Egypte.
Ce Chabbat est Chabbat ‘Hazak, le Chabbat où se conclut la lecture du Livre de Béréchit. On a la coutume de s’écrier, à la fin de la lecture de la Torah : ‘Hazak,’Hazak venit’hazèk, «Sois fort, sois fort, que nous soyons renforcés». C’est ainsi que la conclusion de chacun des Livres de la Torah ajoute de la force à tous les sujets qui nous concernent. Elle contribue également à renforcer le monde en général puisque «le Saint Béni soit-Il regarda dans la Torah et créa le monde, une personne regarde dans la Torah et maintient (donc) le monde».
Puisque la proclamation ‘Hazak, ‘Hazak… intervient à la conclusion de la lecture de la Torah, il s’ensuit qu’elle partage un lien avec le sujet qui précède immédiatement, ici, la mort de Yossef et son ensevelissement en Egypte.
Cela soulève une question : pourquoi ce passage est-il choisi pour conclure le Livre de Beréchit ? Comment «renforce-t-il» le Peuple juif dans son service de D.ieu ? Apparemment, il semble évoquer une descente et un événement malheureux. Plus tôt, on a pu lire dans la Paracha la déclaration de Yaakov : «Ne m’enterrez pas en Egypte». «Quand je vais être réuni à mes pères… enterrez moi dans leur lieu de sépulture… dans la grotte, dans le champ de Ma’hpélah».
On peut relever deux points dans les propos de Yaacov : l’avantage d’être enterré en Israël et dans la grotte de Ma’hpélah et le désir de ne pas être enterré en Egypte, une terre dont le niveau spirituel était des plus bas.
Yossef, par contre, ne mérita pas (du moins au début) d’être conduit en Erets Israël (et encore moins dans la grotte de Ma’hpélah). Il fut enseveli en Egypte, dans l’intention (tout au moins de la part des Egyptiens) que sa dépouille reste en Egypte pendant une longue période.
On peut expliquer que du point de vue des Juifs, l’ensevelissement de Yossef présentait une dimension positive. Il permit aux Juifs d’avoir la force et le courage personnel de subir l’exil. Yossef était le dirigeant de l’Egypte, comme le Pharaon le lui avait dit : «Sans toi, personne ne pourra lever la main ou le pied dans toute la terre d’Egypte» (Beréchit : 41 :44).
C’est lui qui était la source de subsistance des Juifs. C’est ainsi qu’ils pouvaient intérioriser l’idée que bien qu’ils fussent en exil, personne ne pouvait les déranger. L’inhumation de Yossef prolongeait donc son influence même après sa mort.
Ces idées gardent toute leur actualité. En effet, l’exil d’Egypte est la source de tous les exils qui allaient suivre pour le Peuple juif. Ainsi, la leçon associée à l’enterrement de Yossef concerne également tous les autres exils que les Juifs durent endurer, y compris notre exil présent. En fait, la relation avec l’exil contemporain est encore accentuée par le fait que le dirigeant de notre génération, le Rabbi précédent (Rabbi Yossef Its’hak, beau-père du Rabbi Mena’hem Mendel) s’appelle également Yossef. Son service, qui impliquait «répandre les sources de la ‘Hassidout et du Judaïsme vers l’extérieur», traduire la Torah en «soixante-dix langues», renvoie au service de Yossef. Ce dernier, comme l’explique la ‘Hassidout, est lié à la prière de Ra’hel (sa mère) quand il fut nommé : «Que D.ieu m’ajoute un autre fils» (Yossef Hachem li ben a’her). Cela signifie que le service de Yossef consiste à transformer «les autres», ceux qui se sont éloignés et sont devenus étrangers au Judaïsme, en «fils». En fait, ces «fils» sont à un niveau supérieur à celui de ceux qui ont naturellement suivi le chemin des «fils», comme le déclarent nos Sages : «A l’endroit des Baalé Techouvah (ceux qui reviennent à D.ieu), les Tsaddikim (Justes) parfaits ne peuvent se tenir».
Le Rabbi précédent a déclaré que nous sommes dans les derniers jours de l’exil et que tout ce qui reste à faire est de «polir les boutons» (des manteaux) et se tenir prêts à accueillir le Machia’h. Puisque plus de quarante ans passés à «polir les boutons» se sont écoulés, il est donc clair que tout obstacle et toute difficulté que rencontrent les Juifs ne sont que des défis. Le mot hébreu pour «défi» est nissayone. Il possède également la connotation de ness, «élévation» : il s’agit d’élever la personne au-dessus de son niveau présent.
Nous voyons que ce concept s’exprime par rapport à Avraham qui dut subir diverses épreuves. Avant chacune d’entre elles, il était déjà à un niveau spirituel élevé, a fortiori après qu’il les eut surmontées. C’est parce que D.ieu voulait qu’il s’élève encore davantage qu’Il lui donna ces épreuves supplémentaires.
La même chose s’applique à notre génération. Nous vivons dans une période qui suit toutes les épreuves des Juifs des générations précédentes. La seule raison pour laquelle D.ieu nous fait subir d’autres épreuves est de nous faire encore grandir en les surmontant.
Que cela nous conduise à la Rédemption du Peuple juif, thème central du Livre de Chemot que nous allons commencer. La description de la libération d’Egypte de notre Peuple renferme également des allusions à la délivrance messianique ultime. Qu’elle se produise rapidement, de nos jours !