Devant le nombre croissant des Enfants d’Israël en Egypte, le Pharaon les soumet à l’esclavage. Puis il ordonne aux sages-femmes juives, Chifrah et Pouah, de tuer tous les nouveau-nés garçons. Devant leur désobéissance, il ordonne que tous les bébés hébreux soient jetés dans le Nil. Amram et Yo’héved, la fille de Lévi, ont un fils qu’ils déposent dans une corbeille sur le Nil. Sa sœur Miryam surveille de loin et voit que la fille du Pharaon découvre l’enfant et le prend. Elle va l’élever comme son fils et le nommer Moché.
Moché, devenu un jeune-homme, découvre les souffrances de ses frères. Voyant un Egyptien s’acharner sur un Hébreu, il le tue. Le lendemain, alors qu’il veut séparer deux Juifs qui se querellent, ces derniers le menacent de rapporter son crime. Moché fuit donc à Midian. Il est secouru par les filles de Yitro. Il se marie avec l’une d’entre elles, Tsipora et devient le berger de son beau-père.
La Paracha de cette semaine commence ainsi : « Voici les noms (de ceux) qui sont arrivés en Egypte ».
Les commentateurs s’interrogent sur la raison pour laquelle les noms de ces Juifs sont à nouveau mentionnés alors qu’ils ont déjà été cités dans la Paracha lue il y a deux semaines (Vayigach).
Ils répondent : D.ieu chérit le Peuple juif. Ainsi, de la même façon qu’un homme riche compte continuellement son argent, D.ieu rappelle sans cesse à l’esprit le Peuple juif.
Cependant, ce concept possède une dimension plus personnelle. La Paracha de cette semaine rappelle les événements qui se produisirent pour le Peuple juif, après qu’ils eurent vécu en Egypte, depuis plus de cent ans. Malgré ce fait, le verset indique que bien qu’ils y soient installés depuis si longtemps, c’était toujours comme « s’ ils arrivaient en Egypte ». Pour eux, cela restait une terre étrangère et non leur environnement naturel. Ils étaient nés en Egypte, leurs parents étaient nés en Egypte mais cela n’était toujours pas leur foyer. L’Egypte était l’exil. Leur foyer était Erets Israël et ils étaient toujours dans le processus d’ « arriver » en Egypte.
Quelle est la différence entre l’Egypte et Erets Israël ? A l’ère biblique, les sociétés étaient essentiellement agricoles. C’est la raison pour laquelle lorsque la Torah veut établir le contraste entre deux pays, elle souligne son approvisionnement en eau, statuant : « La terre que vous posséderez n’est pas comme la terre d’Egypte… où vous plantez vos graines et les arrosez par le bas. C’est plutôt… une terre de collines et de vallées. De la pluie du ciel, elle tire son eau ». En d’autres termes, en Egypte, l’eau vient du Nil. En Erets Israël, il n’existe pas de grandes rivières. L’approvisionnement en eau dépend exclusivement de la pluie.
Quand les besoins en eau sont pourvus par une rivière, aucune influence divine n’est apparente et c’est l’ordre naturel qui semble diriger l’apport de l’eau. Par contre, en Erets Israël, « les yeux de tous sont portés vers le haut », vers « Celui Qui détient la clé de la pluie ». Il apparaît clairement que malgré tous les efforts, les labours et les tentatives, le succès de nos récoltes dépend des bénédictions de D.ieu. C’est ainsi que la terre elle-même nous enseigne à avoir foi en D.ieu, à nous considérer comme étant entre Ses mains et Sa providence qui contrôlent notre vie.
La ‘Hassidout explique que l’Egypte ne correspond pas seulement à un emplacement géographique mais à un état d’esprit. En fait, le terme hébreu pour « Egypte », mitsraïm, est pratiquement identique au mot métsarim qui signifie « contraintes » ou « limites ». Parce que la terre d’Israël enseigne aux Juifs de se tourner constamment vers D.ieu, ils ne pouvaient se sentir chez eux en Egypte. Le concept de la vie entièrement gérée par l’ordre naturel leur était complètement étranger. Ainsi, comme nous l’avons statué, même après avoir vécu une longue période en Egypte, ce lieu leur paraissait nouveau.
Dans cette optique, l’Exode était un événement inévitable. En effet, cela paraissait durer depuis de nombreuses années et, dans une certaine mesure, la foi du peuple Juif semblait affaiblie. Mais puisque les Juifs, à la fois individuellement et en tant que peuple, regardaient continuellement vers D.ieu, il était entendu que D.ieu finirait par Se tourner vers eux et les libérer.
Perspectives
Nos Sages relatent qu’au moment de la Révélation du Buisson Ardent, quand D.ieu demanda à Moché d’être le sauveteur du Peuple juif, il refusa, répondant : « Envoie par la main de celui que Tu enverras ». Nos Sages expliquent que Moché demandait par là à D.ieu de sauver le Peuple juif non seulement de l’Egypte mais de manière définitive. C’est ainsi qu’il désirait ne pas être, lui, le sauveteur mais que D.ieu envoie le Machia’h, le libérateur ultime.
Pourquoi D.ieu n’acquiesça-t-Il pas ? Parce que la Rédemption n’est pas simplement une récompense pour le Peuple juif mais le reflet que le monde entier a atteint le niveau désiré. Et pour que cela arrive, comme cela sera évident dans la suite de l’histoire de notre peuple, il allait être nécessaire que les Juifs soient à nouveau exilés et participent aux cultures des pays dans lesquels ils allaient vivre. Mais, tout comme lors du tout premier exil en Egypte, l’intention était qu’ils restent conscients de leur identité et conscients de leur lien avec D.ieu. C’est cette prise de conscience qui nous permet d’inspirer les peuples qui nous entourent d’une perspective spirituelle et de créer ainsi un avant-goût de l’Ere de la Rédemption.