Comme chaque année, à l’époque de ‘Hanouccah, les élèves de la Yechiva Loubavitch de Tsfat (Safed), se rendaient dans différents endroits pour aider d’autres Juifs à allumer les lumières de la fête, la Menorah, à partir du coucher du soleil.

Le plateau du Golan est constitué de plusieurs villages éparpillés auxquels on accède par des routes tortueuses et les groupes de jeunes gens se dispersèrent pour contacter commerçants et familles en leur apportant la lumière de la fête.

Vers 22 heures, fatigués, ils reprirent la route de retour. Alors qu’ils approchaient la sortie de l’autoroute vers la ville de ‘Hatsor – 15 minutes avant la ville de Tsfat – ils décidèrent de tenter encore leur chance dans un grand centre commercial : ils savaient que les magasins y restaient ouverts très tard. Entrant dans un magasin après l’autre, ils étaient accueillis diversement : certains se réjouissaient de les voir et allumaient avec joie tandis que d’autres ne cachaient pas leur agacement. Puis ils remarquèrent un spectacle curieux : dans la vitrine d’un magasin se trouvait une Menorah avec le nombre correct de bougies mais celles-ci n’étaient pas allumées. Comme si la Menorah les attendait…

Ils entrèrent. Immédiatement la commerçante s’approcha d’eux et les accueillit joyeusement :

– Je priais pour que vous arriviez. Je sais que les lumières de ‘Hanouccah apportent la réussite dans mes affaires et je n’aurais pas voulu qu’elles ne soient pas allumées même un soir !

– Mais il est déjà très tard ! s’étonnèrent les deux jeunes gens. Pourquoi attendre que quelqu’un d’autre les allume ? Pourquoi ne les allumez-vous pas vous-même ?

– Parce que… sourit-elle gênée, parce que je ne suis pas juive… Je suis druze ; j’habite dans le village de Touba az-Zanghariyya…

Les deux jeunes gens étaient encore plus surpris :

– Pourquoi les bougies de ‘Hanouccah sont-elles alors si importantes pour vous ?

Elle expliqua longuement et sincèrement pourquoi cet allumage était important à ses yeux. Les jeunes gens réalisaient que, pour elle, les bougies n’étaient pas une amulette, un porte-bonheur pour ses affaires. Il était évident qu’elle comprenait qu’accomplir un commandement lui apporterait une proximité avec D.ieu, le Créateur du monde entier. Au fond, peut-être y avait-il là un rapport au judaïsme plus intime ? Ils lui posèrent des questions sur ses origines et, en même pas une minute, ils reçurent leur réponse : de fait, sa mère était juive ! Elle était donc juive à part entière ! Et l’étincelle juive qui brillait au fond d’elle ne demandait qu’à éclairer brillamment sa vie et son entourage.

Patiemment, les deux jeunes gens lui expliquèrent que, grâce à sa mère, elle aussi possédait en elle une âme divine reliée spécialement à D.ieu ; certainement c’était ce lien spécial qui lui faisait ardemment souhaiter allumer les bougies de ‘Hanouccah.

Il est impossible de décrire la joie pure, la joie intense, la joie qui libère de tous les doutes qu’elle manifesta. Un nouveau monde s’ouvrait devant elle et des myriades de questions s’enchaînaient : « Donc, mes frères et sœurs sont eux aussi juifs, si je comprends bien ? Et mes enfants ? ». Elle allait les prévenir aussitôt et, ensemble, ils prendraient les mesures qui s’imposaient et se renseigneraient sur toutes les implications de cette nouvelle identité qu’elle découvrait. Elle ne cessa de remercier les deux jeunes gens qui avaient pris la peine à cette heure tardive de s’assurer qu’encore d’autres Juifs allumeraient leurs bougies de la fête.

Cette nuit-là, la Menorah dans la vitrine fut allumée par une Juive fière de son identité, prête à partager le sort du peuple juif auquel elle appartenait, heureuse d’avoir mis un nom sur les sentiments étranges qui l’habitaient depuis si longtemps…

Yerachmiel Tilles – Tsfat – Weekly Chasidic Story

Traduit par Feiga Lubecki