Kora’h initie une révolte qui remet en question la direction de Moché et l’octroi de la kehounah (prêtrise) à Aharon. Il est en compagnie des deux ennemis invétérés de Moché : Datan et Aviram.
Se joignent à eux 250 membres distingués de la communauté qui offrent les ketoreth (encens) pour prouver qu’ils méritent la prêtrise. La terre s’ouvre et engloutit les rebelles et un feu consume les offrandes de ketoreth.
La plaie qui s’abat alors est interrompue par la propre offrande de ketoreth d’Aharon. Son bâton se couvre miraculeusement de bourgeons et fait jaillir des amandes, comme preuve que sa nomination comme Grand Prêtre est ordonnée par D.ieu.
D.ieu ordonne qu’une teroumah (« prélèvement ») de chaque récolte de grains, vin et huile, ainsi que de tout premier-né des moutons et des bovins, et d’autres cadeaux particuliers, soient donnés aux Cohanim (prêtres »).
Un jour, lors d’une ye’hidout (entretien privé avec le Rabbi), un Juif d’origine française évoqua une discussion qu’il avait eue avec des ‘hassidim de son pays, concernant leurs approches divergentes. D’un côté, il était attiré par la fraternité et la joie qu’ils manifestaient mais certaines caractéristiques le repoussaient.
L’un des aspects qui le gênait le plus, dit-il au Rabbi, était l’affection excessive des ‘hassidim pour le Rabbi lui-même.
« Ils apprennent de moi », répondit le Rabbi. « Moi aussi j’ai un amour excessif pour chaque Juif ».
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La Parachah de cette semaine relate que Kora’h, un individu riche, intelligent et spirituellement engagé, mena une révolte contre Moché. En quoi consistait le désaccord de Kora’h ? Il dit à Moché : « La nation tout entière est sainte. D.ieu réside parmi eux. Pourquoi te hisses-tu au-dessus de l’assemblée de D.ieu ? »
Une courte introduction est nécessaire pour comprendre le sens profond du reproche de Kora’h. Il désirait également être un dirigeant et sa rébellion avait pour but qu’il remplace Moché. Comment donc pouvait-il objecter à la position de chef de Moché ?
En réalité, Kora’h ne voyait aucun problème dans le fait que le Peuple Juif eût un chef. Ce à quoi il s’opposait était le type de direction que Moché incarnait.
Moché représentait l’autorité absolue. Il parlait au nom de D.ieu. Le peuple l’écoutait, non parce que ce qu’il disait avait l’air juste, mais parce qu’il partageait avec eux la parole de D.ieu. Qu’ils comprennent ou non, ils étaient obligés de se soumettre.
Kora’h objectait à cette démarche. Il voulait donner au peuple une direction démocratique. Il suggérait un mode d’action : le peuple entendrait le commandement, y réfléchirait et déciderait de l’accomplir ou non. S’il n’était pas d’accord, il envisagerait d’autres alternatives.
Qu’y a-t-il de mal dans une telle approche ?
D’un point de vue superficiel, rien.
En fait, il s’agit même d’un type de direction dont nous avons tous l’habitude. Mais il pose un certain problème : il ne permet jamais à la personne d’aller au-delà de ses propres perspectives. Puisqu’en dernier ressort, son acceptation dépend de sa propre compréhension, elle ne peut évoluer que dans les limites de son propre intellect. Elle ne veut ni ne peut aller au delà.
Un véritable dirigeant donne aux membres du peuple la perspective d’un but qui dépasse leur propre compréhension et de cette façon leur permet d’acquérir une identité encore plus élevée que celle du moi individuel.
C’est ce que Moché donne au Peuple d’Israël. Parce que, comme nous l’avons dit plus haut, Moché transmet la parole de D.ieu, il peut conduire les Juifs à un bien qui dépasse de loin leur propre intellect, approche qu’ils n’auraient jamais pu emprunter d’eux-mêmes !
Mais comment pouvons-nous savoir que cela représente la vérité ? Puisque nous ne sommes pas à même de comprendre la profondeur du message de Moché et devons l’accepter par foi pure, y a-t-il un moyen pour nous convaincre de le faire ?
C’est exactement ce que demanda Kora’h. Moché tenta de lui dire, à lui et à ses adeptes, de se soumettre. Par souci pour eux, il les supplia de ne pas arriver à une confrontation mais ils insistèrent. Pour entériner la direction de Moché, D.ieu suscita alors un miracle, provoquant un tremblement de terre qui avala Kora’h et toute sa troupe.
Il ne s’agit pas seulement d’un récit historique. Dans chaque génération, D.ieu nous envoie des chefs comme Moché, des géants dans la Torah qui ne parlent pas en leur nom propre mais au nom de D.ieu. Ils donnent à notre peuple l’occasion de renforcer sa relation avec D.ieu et de Le servir d’une façon qu’ils n’auraient pu concevoir tout seuls.
Perspectives
Ce qui précède est lié au concept du Machia’h car dans son Ere, l’autorité absolue, avec laquelle Moché gouverna, fera son retour. Machia’h ne sera pas seulement un dirigeant juif, il sera un roi.
Pourquoi un roi ? Pour sortir notre peuple des limites de sa propre compréhension et l’exposer à une conscience de la Divinité qu’il n’aurait pu recevoir par lui-même.
Des années plus tard, il me confia que, rétrospectivement, il n’avait pu s’empêcher de remarquer comment tout le processus avait fonctionné à la perfection. Normalement, de telles transactions impliquent des semaines et des mois de paperasses, avec des complications qui se greffent au cours des négociations. Mais, d’une manière ou d’une autre, dans notre cas, il n’y avait eu aucune difficulté particulière.
La bénédiction du Rabbi avait donné une toute autre dimension à notre Chli’hout et se ressent encore aujourd’hui positivement.
Rav Tuvia Teldon – Long Island, NY – A Chassidisher Derher
Traduit par Feiga Lubecki