Balak, roi de Moav, engage le prophète Bilaam pour maudire le Peuple juif. Incapable d’y parvenir, ce sont des paroles de bénédictions qui sortent de sa bouche ainsi que la prédiction de la venue de Machia’h.

Le peuple faute avec les filles de Moav qui le poussent à pratiquer l’idolâtrie. L’un des princes de tribu conduit publiquement une princesse Midianite dans sa tente. Pin’has les tue alors tous les deux, ce qui met immédiatement fin à la plaie qui s’était abattue sur le peuple.

Deux formes de confiance

Selon la Loi juive, la lecture hebdomadaire de la Haftara, tirée des Prophètes, se doit d’être « dans l’esprit de la section de la Torah » (la Paracha). La relation entre la Paracha Balak et sa Haftara paraît évidente. En effet, la Haftara relate que D.ieu dit au Peuple juif : « Ma nation, souviens-toi de ce que Balak, roi de Moav, a manigancé et de ce que Bilaam, fils de Beor, lui a répondu ; des événements de Chittim… » (Mi’hah 4 :6). Il s’agit bien d’une référence claire à Balak.

Et pourtant, la Haftara ne devrait pas être liée à la Paracha que par un verset spécifique mais par son contenu général. Et cela, d’autant plus que la lecture de la Haftara est née quand les nations étrangères ont décrété l’interdiction pour le Peuple juif de lire la Torah elle-même.

Puisque le contenu de chaque partie de la Torah existe en allusion par la manière dont elle commence, cela revient à dire qu’il existe une connexion entre le commencement de la Haftara et le contenu général de la Paracha Balak.

La Haftara commence par le verset : « Alors, le vestige de Yaakov se trouvera au sein de nombreux peuples… ils [n’auront pas besoin de] mettre leur confiance en l’homme, ni de compter sur les fils des hommes. » Ces mots évoquent le tout début de la Rédemption et non de l’époque où l’Ère de Machia’h sera fermement établie.

Cela peut se déduire du fait que la Haftara poursuit en statuant qu’alors, il y aura encore des guerres avec les nations et, pire encore, le mal existera encore chez les Juifs eux-mêmes.

La Paracha Balak parle d’une période, juste avant la première entrée du Peuple juif en Érets Israël, qui sera similaire à l’Ère de la Rédemption.

Comme cela est mentionné au début de la Paracha, la préparation à la Rédemption implique qu’ « ils [n’auront pas besoin de] mettre leur confiance en l’homme, ni de compter sur les fils des hommes. » Bien que cette situation précède la Rédemption complète, il ne sera alors pas nécessaire de se reposer sur les hommes, quand bien même une telle dépendance serait normalement acceptable.

Car le verset nous dit : « D.ieu vous bénira dans tout ce que vous ferez », ce que nos Sages interprètent comme signifiant qu’il revient à l’homme de faire un réceptacle pour la Bénédiction divine, en utilisant des moyens naturels : « l’on ne doit pas se reposer sur un miracle. »

Puisque dans le cours normal des événements, nous pouvons compter sur l’assistance d’autrui, c’est donc que cela est permis. Cependant, à cette époque, cette forme de confiance à autrui ne sera pas nécessaire.

L’intention ultime de D.ieu n’est pas d’invalider une conduite naturelle mais de la purifier et de l’élever jusqu’à ce qu’il devienne évident pour tous que la nature est également unifiée à Lui. Nous comprenons donc que cela ne signifie pas qu’alors l’homme ne dépendra pas des autres hommes mais plutôt que nous ne verrons que l’assistance de D.ieu, même dans une conduite naturelle.

En effet, « dans tout ce que vous ferez » peut être compris de deux manières :

Dans une première approche, la personne peut arriver à la conclusion que la nature n’est simplement qu’ « une hache dans les mains d’un tailleur de pierre » mais puisque D.ieu désire que nous utilisions un moyen approprié, la nature conserve, et ce jusqu’à un certain degré, de l’importance.

Dans une autre perspective, l’individu peut conclure que la nature n’a absolument aucune importance, et qu’elle n’est qu’un moyen pour accomplir les desseins de D.ieu.

Dans le premier cas, les actions de l’homme sont séparées de sa Torah et de ses Mitsvot. Quand les deux s’interfèrent, par exemple lorsqu’il ressent qu’en donnant trop de Tsedaka (charité), il n’aura plus assez d’argent pour lui-même, il doit vaincre son inclination naturelle.

En revanche, dans le second exemple, toutes ses actions sont imprégnées du désir d’accomplir la Volonté divine. Une telle personne n’a pas besoin de combattre ses penchants naturels car ils sont en harmonie avec le désir de D.ieu.

La Haftara vient donc nous informer que, alors que nous nous préparons à entrer en Érets Israël, il est en notre pouvoir de nous élever jusqu’à ce que nous percevions que tout est complètement uni avec D.ieu.