(repris de La Sidra)
Pendant tout un mois, nous avons vécu sur un plan différent. De fête en fête, nous avons eu les puissantes expériences spirituelles du mois de Tichri et elles ont laissé profondément leurs traces en nous. Puis le temps du quotidien semble être revenu. Les célébrations paraissent inexorablement s’éloigner ; cela signifie-t-il que toutes les émotions qui y sont liées s’estompent ? Certes, la possibilité en existe mais cette année est différente. Elle porte un beau nom : l’année du Hakhel – du rassemblement.
Souvenons-nous : à l’époque du Temple de Jérusalem, l’année suivant celle de la Chemita – de l’arrêt de tout travail de la terre – une cérémonie particulière avait lieu pendant la fête de Souccot. On dressait une estrade dans la cour du Temple et le roi y prenait place pour y lire la Torah devant tout le peuple assemblé. Personne n’était exempté, il s’agissait d’en tirer la plus pure et la plus sincère crainte de D.ieu. Nous sommes justement une telle année et, si le Temple se dressait encore à Jérusalem, nous aurions connu cet événement il y a peu.
La question se pose d’elle-même : pourquoi évoquer ce rendez-vous, même s’il est important ? Dans la situation actuelle, et tant que les temps messianiques ne sont pas concrètement arrivés, tout cela ne dépasse pas le rang du souvenir. Et puis, la fête de Souccot est largement passée ; tout se passe comme si ce n’était plus un sujet d’actualité.
Justement, la Torah est, par définition, éternelle. Tous ses commandements le sont aussi. Si l’application matérielle de l’un d’eux peut être, pour l’instant, suspendue, sa portée spirituelle est intacte. En ce sens, le Hakhel est une donnée qu’il importe de ressentir et mettre en œuvre. Même après Souccot ? Précisément, ce « rassemblement », parce qu’il n’est plus circonscrit au Temple du fait de l’exil, n’est pas non plus limité à un temps précis. C’est toute l’année qui y est consacrée comme le monde entier qui lui est ouvert. C’est dire qu’il faut se saisir de cette puissance nouvelle. Nous pouvons ainsi avoir recours à toutes les ressources du rassemblement. Réunir nos forces pour mieux nous lier à D.ieu, dans notre for intérieur et avec notre prochain. Faire de ce monde une grande assemblée «pour Le servir tous ensemble» selon le mot des prophètes. C’est le nouvel enjeu de la période autant que le chemin qui s’ouvre au devant de nous. Le Hakhel n’est pas un rêve. Il est présent et s’exprimera avec toute la vigueur que nous y mettrons.