Le calendrier juif présente parfois des dates en résonnance si parfaite avec les temps que l’on vit qu’on ne peut y voir qu’une sorte de message. C’est ainsi que Tou biChevat – le 15 Chevat – apparaît cette semaine. Le sens du jour est connu : le nouvel an des arbres. Et on sait que c’est à ce moment qu’avant le début du printemps, la vie commence à revenir dans la nature encore profondément endormie par l’hiver. Au-delà de la pure célébration végétale, un tel jour est aussi porteur de symboles qui en font un moment majeur pour tous les hommes. Car, lorsqu’on considère l’arbre, on ne peut que relever la nécessité des racines qui lui apportent les éléments de sa vie, admirer la croissance et la solidité du tronc, l’élancement des branches et la beauté des fruits. Tout cela évoque immanquablement l’être humain qui, lui aussi, ne peut vivre sans racines qui le portent et donnent sens à ses actions. C’est seulement en elles qu’il trouve la vigueur qui lui permettra de grandir jour après jour jusqu’à donner les meilleurs des fruits, sa descendance qui sera, pour lui, une forme d’éternité.
Tout commence donc par les racines. Car chacun est littéralement porté par une histoire qui l’a fait naître et grandir tel qu’il est. Chacun est, bien sûr, un individu avec toute la richesse de potentiels que ce mot implique mais il est aussi le maillon d’une chaine qui traverse le temps. Etre conscient de ses racines, c’est ainsi ne pas perdre la conscience de soi, ne pas rendre inaudible la grande symphonie de l’humanité à force d’uniformisation. Nous vivons dans un monde où, pour certains, la différence est insupportable et, au moins, suspecte. Pour d’autres, elle constitue un poids écrasant qu’on souhaiterait rejeter aussi vite et aussi loin que possible. Pourtant, le 15 Chevat vient nous dire comme elle est belle et enrichissante et aussi comme, sans elle, la vie aurait perdu son sens.
A l’heure où certains entreprennent toujours de nous déraciner, sachons montrer à tous que la noblesse de l’arbre l’emporte toujours et qu’il sait vivre au-delà de toutes les tempêtes. Fier, solidement planté en terre, son sommet atteint parfois le ciel. Et sa présence est de cette façon aussi précieuse à la première qu’au second. C’est donc le nouvel an des arbres ; il nous appartient de faire en sorte qu’il soit, cette année, celui du renouveau de l’humain. Pour un monde de bien.