Place à la joie ! C’est ainsi qu’on a sincèrement envie de commencer un éditorial au début du mois d’Adar.
Certes, on objectera que la période est loin d’être autant à l’allégresse qu’on pourrait le souhaiter, que l’on attend encore le grand souffle d’air qui balaiera les nuages amoncelés. Cependant, la présence d’Adar change ici quelque chose de profond. C’est un vent nouveau qui se lève. Il faut ne pas refuser sa puissance.
Comment oublier, en effet, que ce mois est celui où tout « fut transformé » ? Il est ce mois que nos ennemis, dans l’exil babylonien, rêvaient comme celui où les Juifs disparaîtraient, celui où Haman avait comploté l’extermination de notre peuple, où tout était prêt pour la mise en œuvre du projet. Il est ce mois devenu symbole de la victoire du peuple juif, confiant en la bénédiction divine, sur ses oppresseurs et tous ceux qui, de génération en génération, entreprennent de le détruire.
Il n’est, de ce fait, guère étonnant que, dans la conscience juive, seul le bonheur le marque. Pourtant, voici que l’on en est à parler de Pourim et de l’histoire de la victoire sur Haman alors que la fête est encore loin ? Cette année présentant la caractéristique d’avoir treize mois et le mois de plus étant précisément celui qui commence, Adar I, faut-il d’ores et déjà laisser place à la réjouissance ? C’est justement cet élément particulier qui fait le prix de cette année. Deux mois d’Adar, cela ne signifie pas un mois supplémentaire d’attente avant la joie de Pourim mais bien soixante jours d’une allégresse grandissante, soixante jours de joie au lieu des trente habituels.
La joie et l’espoir sont des choses étranges. Ils viennent même quand on ne s’y attend pas et changent notre vision des choses. Il suffit de laisser leur lumière entrer pour que les ombres se dissipent, chassées par un éclat invincible. Peut-être est-ce l’enjeu de la période ? Alors qu’un nouveau temps naît sous nos yeux, sachons y prendre notre part. La joie appartient à celui qui s’en saisit. Elle est bien souvent la clé des plus grandes avancées. Puisse-t-elle être celle, dès à présent, de la venue de Machia’h.