Dans le désert du Sinaï, D.ieu demande que soit fait le recensement des douze tribus d’Israël. Moché compte 603 550 hommes en âge d’être enrôlés (de 20 à 60 ans) ; la tribu de Lévi au nombre de 22 300 hommes, d’un mois et plus, est comptée séparément. Les Lévites doivent servir dans le Sanctuaire, à la place des premiers-nés, dont le nombre était à peu près semblable au leur, qui avaient été disqualifiés par leur participation au veau d’or. Les 273 premiers-nés qu’un Lévite ne put remplacer durent payer une « rançon de cinq Chékèl » pour se racheter.

Quand le peuple levait le camp, les trois clans de Lévites démontaient et transportaient le Sanctuaire et le réassemblaient au centre du prochain campement. Puis ils érigeaient autour leurs propres tentes. Les Cohanim qui transportaient les ustensiles du Sanctuaire (l’Arche, la Menorah, etc.) dans les couvertures conçues à cet effet sur leurs épaules, campaient au Sud ; les Gerchonites, en charge des tapisseries et des couvertures du toit, à l’ouest ; et les familles de Merari qui transportaient murs, panneaux et piliers, au nord. Devant l’entrée du Sanctuaire, à son est, étaient disposées les tentes de Moché, Aharon et des fils d’Aharon.

Au-delà du cercle des Lévites, campaient les douze tribus, en quatre groupes de trois tribus chacun. A l’est était Yehouda, Issa’har et Zevouloun. Au sud, il y avait Reouven, Chimon et Gad. A l’ouest, se trouvaient Ephraïm, Menaché et Binyamin. Enfin au nord, étaient installés Dan, Acher et Naphtali. Cette disposition était également conservée pendant qu’ils voyageaient. Chaque tribu avait son propre Nassi (chef) et son propre drapeau, portant la couleur et l’emblème de la tribu.

Le contexte

Dans l’art de la communication, le choix du décor joue un rôle important. En fait, le décor lui-même constitue une part importante du message et ne peut être dissocié de son contenu. Choisir un environnement adéquat ne facilite pas seulement la compréhension du concept mais peut également souligner et amorcer concrètement son application.

De telles considérations s’appliquent au choix de D.ieu pour le lieu du Don de la Torah. Nos Sages s’interrogent : « Pourquoi la Torah fut-elle donnée dans le désert ? D.ieu n’étant pas obligé de la donner dans un lieu donné, Son choix nous livre donc des perspectives profondes » (Bamidbar Rabba 19: 26).

Et plus que cela, la signification de cet état de fait ne concerne pas seulement le peuple juif au moment du Don de la Torah mais chaque homme, dans chaque génération. Car dans notre liturgie, nous prononçons les mots Notène haTorah, « Qui donne la Torah », en utilisant le présent. Il convient donc de comprendre, en tout temps et en tous lieux, les enseignements que nous donne le choix du lieu du Don de la Torah.

Là où n’existe aucun propriétaire

La première explication qu’avancent nos Sages en réponse à cette question est que le désert n’appartient à aucun individu. Il en va de même pour la Torah. Elle ne constitue pas la possession exclusive d’un individu particulier, d’une tribu ou d’un type de personnalité. Bien au contraire, « la couronne de la Torah est mise de côté, attendant et prête pour chaque Juif… Celui qui en a le désir peut venir et se l’approprier » (Sifrei).

La nature du désert sans propriétaire nous donne également une clé pour comprendre comment appliquer l’enseignement que l’on vient de citer quand il s’agit d’acquérir la Torah.

Nos Sages poursuivent en déclarant qu’un individu « doit faire de lui-même un désert, se débarrassant de toutes ses préoccupations », c’est-à-dire qu’il doit se libérer de tout ce qui le retient dans son engagement pour la Torah.

La Torah représente la volonté de D.ieu et Sa sagesse. Elle est donc infinie et illimitée, tout comme l’est D.ieu Lui-même. C’est pour cela que s’approcher de la Torah requiert de notre part de se dépasser d’un pas et d’accepter un cadre de compréhension différent.

C’est cette approche qui imprégnait nos ancêtres lorsqu’ils déclarèrent : « Naassé Venichma », « nous ferons puis nous écouterons ». L’ordre des termes de cette déclaration est significatif. Au lieu d’écouter au préalable les commandements de D.ieu puis de décider de les accepter ou non, ils promirent de Lui obéir, quoi que cela puisse impliquer. Plutôt que de permettre à leur compréhension de modeler leur engagement, ils s’engagèrent à ce que ce soit leur engagement qui modèle leur compréhension.

Une déclaration de dépendance

Quand quelqu’un prend un tel engagement, D.ieu fait en sorte que l’environnement en permette l’expression.

Cela est également mis en lumière par le choix du désert, comme le soulignent les Commentateurs : « Dans le désert, nos ancêtres dépendaient de D.ieu pour chaque élément de leur existence. Il n’y avait aucune ressource naturelle sur lesquelles ils auraient pu compter. »

Et pourtant, cela ne suscita en eux ni anxiété ni inquiétude. Bien au contraire, malgré l’aridité et la désolation du désert, le peuple juif y pénétra empli d’une confiance tendre comme le déclare le prophète : « J’ai rappelé pour toi la bonté de ta jeunesse, l’amour des jours de tes noces, où tu Me suivis dans le désert, dans une terre inculte » (Yirmiyahou 2 :2).

Et D.ieu répondit avec une tendre affection. Leurs aliments, leur eau, et même leurs vêtements leur étaient miraculeusement attribués. D.ieu subvint à tous leurs besoins, leur donnant l’opportunité de se consacrer exclusivement à la Torah.

Mais tout cela n’est pas une histoire du passé. Même lorsque nous semblons posséder les moyens naturels de gagner notre vie, la vérité est que la nature elle-même est une série de miracles. Parce qu’ils se reproduisent sans cesse, nous ne les voyons plus comme tels mais cela ne devrait pas obscurcir la vérité selon laquelle c’est en tout temps et en tous lieux que nous nous appuyons sur D.ieu.

Cette prise de conscience doit nous motiver pour mettre de l’ordre dans nos priorités. Au lieu d’accorder la primauté à nos préoccupations matérielles, il faut la donner à la Torah. Et en agissant ainsi, nous pouvons être confiants que D.ieu subviendra à tous nos besoins comme Il l’a fait pour nos ancêtres. Même lorsque, tout comme nos pères, nous ne voyons aucun moyen naturel qui puisse nous venir en aide, nous devons persévérer dans notre engagement dans la Torah et nous en remettre à Lui.

Pour que le désert fleurisse

L’aridité du désert peut également servir d’analogie pour l’état spirituel de l’homme. Bien qu’il puisse se sentir vide et dans un état de dénuement, et peut-être avec de bonnes raisons parce qu’il vit dans un désert spirituel, il ne doit pas désespérer. D.ieu descendit dans le désert pour donner à l’homme sa possession la plus précieuse, la Torah.

Et il en va de même aujourd’hui : quel que soit son statut spirituel, D.ieu offre à chacun l’occasion d’établir une relation avec Lui par l’intermédiaire de la Torah.

La floraison ultime

La Paracha Bamidbar, « dans le désert », est toujours lue avant la fête de Chavouot. Les fêtes juives ne font pas que commémorer des événements du passé mais nous donnent également l’opportunité de les revivre. Pour revivre l’expérience du Sinaï, il nous faut d’abord passer par le désert et ses leçons, du moins au sens spirituel. Tel est le message que nous communique la lecture de la Torah de cette semaine.