Résumé

D.ieu ordonne à Moché de commander à Aharon et ses fils leurs devoirs et leurs droits en tant que Cohanim (« prêtres ») qui offrent les korbanot (sacrifices animaux et alimentaires) dans le Sanctuaire.

Aharon et ses fils restent dans le Sanctuaire pendant sept jours, au cours desquels Moché les initie à la prêtrise.

 

 

Depuis le fonds des âges, les hommes ont toujours été conscients d’une réalité dépassant la matérialité, d’une réalité transcendant les sens et l’intellect humains. Et pourtant, cette conscience déconcerte car la réalité spirituelle est inaccessible à notre compréhension.

Certaines pratiques religieuses tentent de résoudre cette difficulté en cherchant à s’écarter de notre monde fini. Mais ces approches présentent deux difficultés majeures.

Puisque la réalité spirituelle est, par définition, au-delà de notre appréhension, comment l’homme peut-il s’y lier ?

D’autre part, l’ascétisme va à l’encontre de l’intention divine. D.ieu a créé notre monde pour une certaine raison et chercher à s’en détacher implique un rejet de ce monde.

L’invitation d’En-Haut

Le judaïsme offre une alternative. On peut réellement créer un lien entre le matériel et le spirituel mais l’initiative doit être celle de D.ieu. D.ieu est «descendu» dans notre monde pour nous donner les moyens de nous attacher à Lui et, en conséquence, d’élever notre environnement. Tel est le but des mitsvot. Quelle différence cela peut-il bien faire, au Saint béni soit-Il, que nous abattions un animal, par le devant ou par l’arrière ? Les mitsvot ne sont données que pour raffiner les créatures.

La plupart des mitsvot implique l’utilisation d’objets matériels. En et par elles-mêmes, ces entités n’ont que peu d’importance pour D.ieu. Cependant, pour donner à l’humanité un moyen d’établir une relation avec Lui, Il donne à ces objets un statut particulier. Cela va encore plus loin puisque le lien que nous établissons ainsi avec D.ieu, par l’accomplissement des mitsvot, imprègne notre environnement et ces objets sont eux-mêmes intégrés dans cette connexion spirituelle.

Utilisons une analogie pour expliquer ces concepts. Un intellectuel vit dans le monde de la pensée. Sa vie se concentre sur des idées et des concepts. Un simple porteur d’eau n’attirera pas son attention. Ce n’est pas qu’il le méprise ou le juge mal. Mais les deux hommes n’ont tout simplement rien en commun. Aucun pont ne semble pouvoir relier le porteur d’eau à l’intellectuel : il n’en a pas l’aptitude. Et ce qui a de l’intérêt pour le porteur d’eau n’en a aucun pour le penseur. Si, toutefois, l’intellectuel demande au porteur d’eau de lui donner à boire, et que ce dernier obtempère, leur relation apparaît aussitôt.

Le fossé qui sépare le Créateur et la créature est bien plus grand que celui qui sépare le porteur d’eau et le penseur. Et pourtant, D.ieu nous demande une faveur : «Accomplissez Mes mitsvot». Le mot mitsva révèle lui-même cette relation puisqu’il a la même racine hébraïque que le mot tsava qui signifie «lien».

Trois approches

Le concept que l’on vient d’entrevoir possède une dimension plus profonde. C’est le commandement de D.ieu et non l’accomplissement de l’homme qui établit la connexion. L’homme a le choix d’obéir ou de ne pas obéir mais en lui donnant le commandement, D.ieu a déjà pénétré dans le monde de l’individu. S’il choisit d’accepter l’injonction, il affirme cette relation. Dans le cas contraire, il la dénie. Mais quelle que soit la décision humaine, D.ieu a d’ores et déjà établi le lien. L’option de l’individu réside dans la portée de sa volonté à reconnaître et à développer ce lien.

C’est ici qu’apparaît le rapport avec la Paracha de cette semaine : Tsav. Le mot tsav signifie «commande» et est issu du verset qui ouvre la Paracha : «Et D.ieu parla à Moché : ‘commande à Aharon…’».

Dans toute la Torah, trois termes sont utilisés pour introduire un commandement : émor : «dis», dabèr : «parle à» et tsav : «commande». Tous trois communiquent la volonté de D.ieu mais le terme tsav est lié de plus près, dans son idée et par son étymologie, au concept de la mitsva, comme nous l’avons vu plus haut.

Les termes «dis» ou «parle» semblent laisser le choix entre les mains de celui qui écoute. Certes, il a reçu une directive mais le ton utilisé implique qu’il a le choix. On lui dit ce qu’il devrait faire mais la décision d’obtempérer, ou non, reste sienne. Quand, par contre, le mot «commande» est utilisé, l’implication en est que c’est impératif. Dans ce cas, l’initiative de D.ieu est si prégnante qu’elle propulse l’homme vers l’accomplissement.

Servir pour Lui

Les idées dont on vient de parler se reflètent dans le sujet de la Paracha de cette semaine : les sacrifices offerts dans le Sanctuaire et, plus tard, dans le Beth Hamikdach.

Les implications du service des sacrifices dépassent notre compréhension. L’intellect humain ne peut saisir la raison pour laquelle D.ieu désire que l’on abatte un animal ou que l’on brûle de la farine sur l’autel. En guise d’explication, nos Sages citent : «C’est parce que cela M’est agréable que J’ai donné une directive et que Ma volonté a été accomplie».

Certaines mitsvot apportent des bénéfices directement appréciés et d’autres ont des bienfaits qui ne peuvent être compris.

Mais les sacrifices ne sont pas du tout destinés à l’homme, pas même pour l’habituer à obéir. Ils sont pour D.ieu. C’est ainsi que la Torah s’y réfère comme à la’hmi : «Ma subsistance», impliquant, pour ainsi dire, que D.ieu a besoin de ce service spirituel.

Pourquoi D.ieu a-t-Il «besoin» de sacrifices ? Seulement pour donner à l’homme un moyen de se lier à Lui, d’une façon totale. Quand un individu apporte un sacrifice, l’emphase n’est pas mise sur son engagement à accomplir la volonté de D.ieu mais sur le fait que «Ma volonté a été accomplie». Il ne se considère comme rien de plus qu’un biais par lequel la volonté de D.ieu peut s’accomplir.

L’accomplissement complet de toutes les mitsvot et tout particulièrement des sacrifices, n’aura lieu qu’à l’Ere de la Rédemption. Comme nous le disons dans nos prières : «Mène-nous dans la joie à Sion Ta ville et avec une allégresse éternelle à Jérusalem, Ton sanctuaire. Alors nous T’offrirons nos sacrifices… en accord avec le commandement de Ta volonté».