Sans doute l’attendions-nous cette année avec une impatience plus grande qu’à l’accoutumée. Le mois de Kislev à déjà débuté. Il serait bien facile de n’y voir qu’un non-événement : après tout, il ne s’agit apparemment que d’un mois dans le cycle annuel, parmi d’autres. Pourtant, il faut percevoir l’ampleur du changement qu’il introduit : il est un mois d’une joie intense et profonde. Il est clair que cela est bien précieux en un temps où l’horizon peut paraître assombri par des dérèglements de tous ordres, sanitaires, politiques ou sociaux. A l’orée du nouveau mois, osons donc cet acte littéralement révolutionnaire : donnons-nous le temps de réfléchir à ce que cela implique. Prenons la respiration de la réflexion pour entrer avec force dans la période qui s’ouvre.

Bien sûr, le nom de Kislev évoque immédiatement les images traditionnelles de ‘Hanoucca et les idées que cette fête porte : la lumière qui chasse l’obscurité, le chandelier de la fête allumé, la victoire de la liberté sur l’oppression etc. Cela fait penser à ces beaux livres où sont rassemblées toutes les choses qui rendent la vie plus belle. Cette joie-là nous accompagne dès le début du mois et, même si elle est limitée dans le temps, dès son apparition, elle ne nous abandonne pas.

Mais Kislev, c’est aussi un autre point phare : le 19 du mois. Le temps viendra de s’y attarder plus particulièrement mais souvenons-nous de ce qu’il incarne : le jaillissement de la partie profonde de la Torah par l’œuvre de Rabbi Chnéor Zalman, l’auteur du Tanya, comme une éruption de sagesse dans un monde en attente de renaissance. Cette joie est différente de celle décrite plus haut même si, chronologiquement, elle intervient en premier. Sans doute est-elle plus délicate à appréhender. On parle de profondeur de la Torah, de connaissance, en substance de concepts présentés habituellement comme éloignés de ce sentiment de joie simple qui réchauffe le cœur. Pourtant, ce qui se révèle ici, c’est bien une dimension supérieure. On reconnaît essentiellement la joie au fait qu’elle est capable de briser toute limite, de conduire au-delà de soi ; c’est bien d’une sorte de transcendance qu’il est question. Cette allégresse ultime, rien ne peut jamais la remettre en question. Et c’est à cela que nous ouvre cette sagesse nouvelle.

Aussi, entre la joie bondissante de ‘Hanoucca et celle sereine et définitive du 19 Kislev, tout est en place pour que nous soyons pénétrés de vitalité et, par conséquent, porteurs de vie. Une telle puissance qu’elle fait reculer les ombres vaines et fait régner la lumière sur l’avenir des hommes. Kislev est là, tout a changé.