Un phénomène annuel, caractéristique de nos sociétés, se produit actuellement sous nos yeux sans que nous y prêtions sans doute l’attention qu’il mérite. Il est vrai que sa régularité même renforce cet aspect anodin et pourtant… c’est bien des vacances qu’il s’agit ! Voici, en effet, que les jours rêvés, ceux de la liberté, ceux des heures employées, sans règle ni limite, à quoi semble bon à chacun, approchent rapidement. Autant le défilement du calendrier que la température éveille en tous cette attente joyeuse que connaît bien l’homme contemporain.


La notion de vacances est, cependant, quelque peu ambiguë. Certes, se libérer des astreintes du quotidien est une bien belle ambition et probablement aussi une nécessité pour l’équilibre personnel. Mais, le mot “vacances” contient également, au cœur de son sens, la notion de vide. Comme on dit parfois qu’un poste est vacant pour signifier que personne ne l’occupe, le risque existe de se retrouver, dans cette période, dans une sorte de vacance du temps, où ce dernier est vide car rien d’humainement important ne le remplit.
En cette période où le rythme de la vie quotidienne, toujours présent mais peut-être avec moins d’insistance, constitue déjà une forme de préparation aux jours qui arrivent, il n’est que temps d’y réfléchir. Saura-t-on faire de l’été le temps de la liberté reconquise, liberté de l’âme, de l’esprit et du cœur, ou se contentera-t-on de changer de chaînes, de substituer à celles de l’absurde trop-plein de tous les jours celles du vide stérile et désolant des vacances sociales ?
Décidément, il faut savoir ne pas sortir d’une forme de désert pour entrer dans une autre quand c’est la plus riche des contrées qui peut nous accueillir. Le temps de l’été doit être celui de la régénérescence de l’âme autant qu’il paraît l’être naturellement du corps. Retrouver la tradition juive, renouer le lien ou le renforcer, se donner enfin le temps de penser, d’étudier et de comprendre. Cela s’appelle le temps des vacances, celles que l’on choisit et non celles que la contrainte sociale commande parfois. Un temps pour soi, à la portée de tous ceux pour qui le mot “liberté” est un mot qui chante.