A la suite de la révélation sinaïtique, D.ieu légifère une série de lois pour le Peuple juif. Elles incluent les lois concernant le serviteur contractuel, les compensations en cas de meurtre, d’enlèvement, d’assaut et de vol, les lois civiles pour rembourser les dommages, les prêts et les responsabilités des « quatre gardiens », enfin les lois dirigeant la conduite des cours de justice.

On y lit également les lois interdisant les mauvais traitements à l’égard des étrangers, l’observance des fêtes saisonnières, les dons agricoles à apporter au Saint Temple de Jérusalem, l’interdiction de cuire ensemble le lait et la viande et la Mitsva de la prière. La Paracha Michpatim comporte en tout 53 mitsvot : 23 commandements positifs et 30 commandements négatifs.

D.ieu promet de conduire le Peuple d’Israël en Terre Sainte et le met en garde contre les pratiques païennes de ses habitants.

Le Peuple d’Israël proclame « Nous ferons et nous entendrons tout ce que D.ieu nous a ordonné ». Laissant Aharon et ‘Hour en charge du camp israélite, Moché monte sur le Mont Sinaï pour recevoir la Torah de D.ieu et y reste quarante jours et quarante nuits.

La Paracha de cette semaine est lue avant qu’on lise également la Paracha Chekalim.

Quel enseignement pouvons-nous en tirer ?

En dépit des nombreux sujets et des nombreuses Mitsvot qu’inclut cette lecture, son thème général en est très clair et très concis. C’est son nom-même qui l’exprime : Michpatim, ce qui signifie : « les lois ».

Le corps des 613 commandements de la Torah peut se diviser en trois catégories générales : les ‘Houkim, « les statuts », les Édot : « les témoignages ou préceptes » et les Michpatim : « les lois ».

La première catégorie, les ‘Houkim, comprend des commandements irrationnels et transcendant l’intellect, et ce, par deux aspects. Tout d’abord, il s’agit de statuts pour lesquels nous ne pouvons trouver d’explication logique, voire qui vont à l’encontre d’un raisonnement normal et y sont même contraires. Ils peuvent paraître contraignants au regard extérieur, comme Rachi le commente au sujet de la Vache Rousse : « …les nations du monde raillent les Juifs s’exclamant : ‘quel est ce commandement et quelle en est la raison ?’ ». Parce que nous observons ces statuts, nous sommes l’objet de moqueries.

Le second groupe, les Édot, les témoignages, sont des Mitsvot qui n’ont pas, en elles-mêmes, de raisonnement indépendant et si elles n’émanaient pas de l’édit de D.ieu, elles n’auraient pas été considérées, pas plus que nous n’aurions choisi, par nous-mêmes, de les observer. Cependant, par le fait même que D.ieu nous ait enjoint de les accomplir, elles acquièrent une forme de témoignage et attestent de certains thèmes spécifiques, comme le fait par exemple Pessa’h : « …commémorer l’Exode d’Égypte. » Une fois qu’elles ont été commandées, elles ont du sens et notre observance en devient compréhensible.

La troisième partie, les Michpatim, les lois, sont ces commandements que réclament et attendent l’intellect humain ainsi que la société. Si la Torah ne nous les avait pas données, nous pourrions avoir choisi d’établir ces lois par nous-mêmes. [Ce groupe inclut : honorer ses parents, la charité, l’interdiction de tuer ou de voler, etc.]

En résumé : les ‘Houkim défient la rationalité, ils n’ont aucune substance logique ; les Édot n’ont pas en et par eux-mêmes de substance rationnelle mais ils apportent le témoignage sur des sujets de grande importance ; enfin les Michpatim possèdent une base logique et sont facilement compréhensibles et acceptables pour tous.

Ces catégories, quand on les interprète littéralement, s’appliquent souvent aux 613 Mitsvot dans le cadre que l’on vient de décrire. Pourtant on peut également les cerner de manière plus élargie si bien que, bien souvent, l’on se réfère à toutes les Mitsvot comme aux Édot, aux ‘Houkim ou aux Michpatim.

Pour nous, cette utilisation synonyme n’exprime pas simplement un choix arbitraire de mots mais indiquent une signification plus profonde. Les lois possèdent toutes l’idée de statuts et les statuts peuvent être définis comme des lois, le concept de témoignages s’appliquant, quant à lui, aux trois groupes.

Étudions comment comprendre cette idée par rapport à notre service divin.

Quel est le thème du témoignage que l’on retrouve dans tous les commandements ? Ils apportent tous le témoignage de la relation et de l’attachement entre l’homme et le Saint béni soit-Il, et cela en dépit de l’immense incompatibilité entre le matériel et le spirituel.

Comment l’idée du statut s’applique-t-elle à toutes les Mitsvot ? C’est simple ! Même ces Mitsvot, dont la pratique est incitée par notre intellect, doivent être accomplies pour la seule raison qu’elles sont un commandement de D.ieu, avec l’acceptation du Joug Divin. Il se peut que la Mitsva possède une assise logique et solide, nous ne la mettons pas moins en pratique pour l’unique raison qu’il s’agit de la Volonté de D.ieu !

Une sentence bien connue, citée dans de nombreux discours ‘hassidiques, énonce : « si nous avions reçu le commandement de couper du bois… » [nous nous acquitterions de ce commandement avec le même enthousiasme.]

Le thème des Michpatim pénètre et enveloppe également toutes les Mitsvot, y compris les statuts. Comment ? Prenons par exemple le groupe des ‘Houkim qui n’a aucune explication logique. L’absence de raison n’existe que par rapport à la logique du commandement lui-même. Nous ne pouvons comprendre pourquoi il nous a été ordonné et pourquoi il nous faudrait l’accomplir. En revanche, une fois qu’il a été décrété, même un homme d’intelligence moyenne peut comprendre que s’il émane de la Volonté Divine, c’est qu’il doit posséder de grandes qualités et que nous devons tirer des bénéfices dans son accomplissement. Aussi, malgré le fait qu’il soit irrationnel, nous pouvons accomplir même un statut, non par obligation, comme quelque chose que nous sommes forcés de faire, mais avec enthousiasme et zèle, tout comme nous accomplissons une Mitsva dont le sens est très important pour nous et que notre esprit nous pousse à exécuter.

C’est sur ce thème qu’est mis l’accent dans la Paracha Michpatim qui inclut des statuts comme : « Ne pas cuire la viande dans le lait de sa mère. » Il est sûr qu’il s’agit ici d’un ‘Hok. Interdire le mélange du lait et de la viande dans les aliments, leur confection ou toute autre forme de bénéfice dont on peut en tirer, n’a aucune explication logique et pourtant, cela appartient à la Paracha Michpatim.

Cet exposé devrait et doit même être compris par n’importe quel Juif moyen. Pour en approfondir l’explication, il serait sage de se référer à celle du terme Mitsva qui signifie « connexion ». En effet, le rôle des Mitsvot est d’opérer une connexion et une association entre celui qui accomplit le commandement et Celui qui donne la Mitsva, le Saint béni soit-Il.

Un dernier point nous aidera à appréhender cette idée dans la perspective de Michpatim.

Le premier verset de Michpatim dit : « Et voici les lois que tu placeras devant eux. » Le Talmud de Jérusalem compare le mot « Tassim » : « tu placeras » au mot « Sima » : « trésor ». Cela signifie que les lois de la Torah, et tous les aspects du Judaïsme, doivent être présentés au Peuple juif comme un trésor extraordinaire, aussi précieux que des diamants, des perles et des pierres précieuses. Quand l’on transmet la Torah au Peuple juif, il nous faut nous assurer d’atteindre l’essence de l’âme du Juif, car alors, il reconnaîtra que la Mitsva apporte de la satisfaction au désir profond de D.ieu et il débordera de joie devant l’opportunité d’accomplir la Volonté de D.ieu.