Il est rappelé au Bné Israël les treize matériaux qu’ils doivent apporter en contribution : de l’or, de l’argent et du cuivre ; de la laine teinte en rouge, bleu, violet ; du lin, des poils de chèvre, des peaux animales, du bois, de l’huile d’olive, des épices et des pierres précieuses, à partir desquels, dit D.ieu à Moché, « ils Me feront un Sanctuaire et Je résiderai parmi eux ».
Moché reçoit, au sommet du Mont Sinaï, les instructions détaillées sur la façon de construire cette résidence pour D.ieu, de manière à ce qu’elle puisse être immédiatement démontée, transportée et réassemblée, au cours du voyage du peuple dans le désert. Dans la chambre la plus intérieure du Sanctuaire, derrière un rideau tissé avec art, se trouvait l’Arche contenant les Tables de la Loi, gravées des Dix Commandements. Sur le couvercle de l’Arche, se tenaient deux anges enlacés, en or pur. Dans la chambre extérieure, s’élevait la Menorah à sept branches et était dressée la table sur laquelle étaient disposés « les pains de proposition ». Les trois murs du Sanctuaire étaient fixés à partir de quarante-huit planches de bois. Chacune d’elles était plaquée d’or et soutenue par une paire de socles en argent. Le toit était constitué de trois couvertures : a) des tapisseries de lin et de laine multicolores, b) une couverture de poils de chèvre, c) une couverture de peaux de taureau et de Ta’hach. Devant le Sanctuaire était tendu un écran brodé, tenu par cinq piliers. Autour du Sanctuaire et de l’autel de cuivre, placé devant, des rideaux de lin pendaient, soutenus par soixante piliers de bois, avec des crochets et des garnitures en argent, renforcés par des piquets en cuivre.
Du bois et de la terre Qu’est-ce qui est plus grand : étudier ou agir ? Le Talmud évoque un débat entre les Sages sur cette question. Et la conclusion à laquelle ils arrivent est qu’ « étudier est plus grand car l’étude conduit à l’action. » L’étude consiste à développer et perfectionner la personne alors que l’action signifie soumettre l’être à l’action en cours. Cette question exprime donc l’une des questions essentielles de la vie : à quoi l’homme doit-il aspirer : à s’améliorer lui-même ou à s’investir dans un idéal supérieur, servir son Créateur ? Il est caractéristique que le Talmud ne réponde pas à cette problématique en prenant position pour l’une des deux approches mais signifie que les deux sont justes. L’amélioration personnelle est l’aspect le plus « grand », le plus « dominant » dans notre vie. Nous y consacrons la majeure partie de notre temps, de nos occupations, de nos aptitudes. Mais ce n’est pas une fin en soi. Le but de cet effort est d’améliorer et de mieux servir le but de notre création. Autrement dit, il y a deux phases dans notre existence. La première commence à notre naissance et se poursuit au cours de nos années de formation. Nous savons que le but en est de se dépasser et de se consacrer à aspirer à quelque chose de plus grand. Et cette connaissance soutient notre vie tout comme de solides fondations soutiennent un édifice. Toutefois, c’est la réalisation de l’édifice lui-même qui constitue l’aspect visible et dominant de notre existence. En fin de compte pourtant, nous atteignons un stade où « l’action » devient le trait prédominant de notre vie et où « l’étude » ne sert que de support et d’aide pour accomplir ce dessein. La maison modèle Deux structures, la première construite essentiellement à partir de bois et la seconde essentiellement en pierre, représentent ces deux phases de notre mission dans la vie. Peu de temps après le Don de la Torah au Mont Sinaï, D.ieu ordonna à Moché : « Ils Me feront un Sanctuaire et Je résiderai parmi eux ». Selon les enseignements de la ‘Hassidout, ces mots expriment le but divin de la Création : D.ieu « désirait une demeure pour Lui dans le royaume d’ici-bas », c’est-à-dire au cœur même de l’existence matérielle. L’on y parvient, au niveau individuel, par l’accomplissement des Mitsvot de la Torah, pour servir D.ieu au moyen de divers éléments du monde physique. L’on donne de l’argent à la Tsédaka, l’on utilise du grain de blé pour fabriquer les Matsot de Pessa’h, de la peau d’animal pour les Tefiline, de la laine pour les Tsitsit, etc. Mais cela va encore plus loin : quand une personne consacre sa vie à observer les Mitsvot, tout ce qui soutient cette vie : la nourriture qu’elle consomme, les habits qu’elle porte, l’énergie qu’elle utilise, tout est impliqué dans la réalisation de ce but suprême. C’est ainsi que le monde matériel d’ici-bas est transformé en une résidence pour D.ieu, en un environnement qui sert la Volonté divine et exprime Sa réalité omniprésente. Au niveau de la communauté, le Peuple d’Israël construisit une « maison pour D.ieu » sous la forme d’un Sanctuaire. Sous l’injonction divine, différents matériaux furent utilisés pour construire ce qui serait le siège de Sa présence manifeste dans le monde matériel. Bien que D.ieu soit partout, c’est le lieu qu’Il choisit pour imprégner, de manière visible, la matérialité. C’était une « résidence » qui représentait la fonction ultime de chaque élément physique. Le Tabernacle et le Temple De même qu’il existe deux phases dans le labeur de la vie de l’homme, ainsi en va-t-il pour l’expression collective de la mission de l’humanité : le Sanctuaire. Tout d’abord, fut érigé le Tabernacle, le Michkane, Sanctuaire portatif que le peuple transporta tout au long de son périple de quarante ans dans le désert. Puis, une fois qu’ils furent établis en Terre Sainte, ils procédèrent à la construction du saint Temple, le Beth Hamikdach, de Jérusalem. C’est dans la construction qu’apparaît la différence. Le Tabernacle avait un sol de terre sur lequel étaient plantés « les socles de fondation », faits en argent. Ils supportaient les panneaux des murs faits de bois de cèdre. Le toit consistait en trois couches de couvertures : des tapisseries de laine et de poils de chèvre et une couverture de peau animale. Par ailleurs, le Temple était entièrement fait de terre et de pierre, depuis le sol en marbre, les murs en pierre, jusqu’au toit en mortier. Il comportait du bois, sous forme de piliers porteurs mais ils étaient implantés dans de la pierre et du ciment. De fait, il était interdit que la plus petite partie de ces piliers n’apparaisse à l’extérieur et soit visible. Ainsi, le Tabernacle possédait-il à la fois des minéraux sans vie (de la terre, du métal, etc.) et des produits de la vie animale et végétale. En fait, les couches de ces matériaux reflétaient leur hiérarchie dans l’univers. Au-dessous, se trouvaient les éléments issus du monde minéral. Au-dessus, se tenaient les murs de la structure, provenant du règne végétal. Et sur le dessus les couvertures venant du règne animal. A l’opposé, le Temple n’était construit que de matériaux qui provenaient presque tous d’origine inanimée. Le bois y était secondaire et ne servait que de support, complètement recouvert de pierre. Dans le microsome, cela représente l’être humain, l’élément inanimé de notre aptitude au sacrifice de soi, à la dévotion, au service et à l’action. L’élément végétal et l’élément animal correspondent au pouvoir de grandir et de se développer, à notre vie émotionnelle et intellectuelle. Dans le Tabernacle, qui représente les étapes initiales de notre mission dans la vie, tous ces éléments sont mis en évidence. L’accent est mis sur nos facultés « supérieures » intellectuelles et émotionnelles. Il est vrai que tout repose sur le fondement de la soumission à la volonté divine mais l’édifice construit sur ces bases est le développement et la réalisation du potentiel humain. Mais en dernier ressort, nous nous développons pour exprimer visiblement l’intention ultime de servir notre Créateur. Le Temple contient également des éléments qui se développent mais ils sont couverts par ce qui représente l’abnégation. Ils ne servent que de moyens pour mieux accomplir la Volonté divine. Dans l’ensemble de l’édifice, nous ne voyons que la « pierre » et « la terre » de l’action.