‘Hanoucca éclaire le monde. Il n’y a pas d’autre mot pour décrire ce que nous vivons à présent.

De fait, c’est la saison des longues et froides nuits et des jours trop souvent sans soleil mais l’essentiel n’est sans doute pas là. Le monde paraît subir une sorte de tyrannie de la nuit. Ne voit-on pas, jour après jour, une désolation croissante s’emparer des hommes, de leur esprit et de tout ce qui avait fait, jusqu’ici, la réalité même de la civilisation ? N’y a-t-il pas ici de quoi renoncer aux quelques espoirs qui donnent ses couleurs à la vie ? C’est justement quand semblent monter les ombres que ‘Hanoucca apparaît.

Images de joie et de lumière. Idées de liberté et de conscience. Combat pour le droit au bonheur. ‘Hanoucca incarne tout cela. Mieux, il en est la concrétisation. Et plus rien ne peut rester inchangé. La loi juive enseigne que les lumières de ‘Hanoucca doivent être allumées « à la porte de sa maison à l’extérieur. » Cette insistance pourrait surprendre. L’époque a tendance à proposer un projet inverse : que la spiritualité reste, au contraire, à l’intérieur, confinée à la sphère privée plutôt qu’ouverte sur le champ public. Dans une telle conception, le risque existe que chacun verse dans une spiritualité détachée de toute implication dans la réalité des choses, où tout se limiterait à un sentiment du cœur, flou et indéfinissable, en tous cas sans conséquence.

Or, tout l’enjeu est là : la lumière a pour nature et vocation de franchir les obstacles, sans les abattre mais en les transformant. Elle ne peut être enfermée ou contrainte et le chandelier de la fête qui éclaire au dehors est l’acteur du changement. Il s’agit de bien plus que d’un simple symbole. C’est ici une démarche fondatrice qui est mise en œuvre. Car, dans l’obscurité, la lumière est bien précieuse et les flammes qui dansent, soir après soir, au sommet des chandeliers allumés en diffusent le message. Aussi épaisse soit la nuit, elle ne peut construire de mur éternel devant la lumière. Aussi préoccupantes soient les difficultés – collectives ou individuelles, les menaces – matérielles ou intellectuelles, la fête apporte un éclairage salutaire.

Pour toutes ces raisons, la fête de ‘Hanoucca ne saurait être vécue comme le rappel des glorieuses actions des héros du passé. Elle est une célébration pour notre temps et une invitation pour l’avenir.